RG
Roberto Giacomelli
•Dylan Dog exerçait autrefois la singulière profession de "enquêteur de cauchemar", mais un incident diplomatique avec les forces des ténèbres et une grave déception amoureuse l'ont poussé à se recycler comme simple détective privé, avec des affaires de routine comme des adultères. Lorsque Elizabeth contacte Dylan pour s'occuper du mystérieux meurtre de son père, qu'elle soutient avoir été commis par un monstre, Dylan refuse, mais le meurtre ultérieur de son assistant Marcus, apparemment éviscéré par une bête monstrueuse, convainc l'enquêteur de mener l'enquête sur l'affaire d'Elizabeth qui l'implique désormais en première personne.
Il était temps que Dylan Dog arrive au cinéma, cela se préparait depuis trop longtemps et trop de tentatives avaient déjà échoué dans les phases de pré-production. "Dylan Dog", le comic le plus vendu en Italie, aurait dû être une série télévisée dans les années 90, puis un film, d'abord en Italie puis en Amérique. Finalement, ce sont les Américains qui ont gagné : les droits d'exploitation cinématographique ont été acquis par Platinum Studios et, après plus de dix ans de stagnation, voici le résultat. Un résultat satisfaisant ? Pessime ? Non, simplement médiocre. "Dylan Dog – Le film" est un film conçu pour les adolescents américains, qui évidemment ne connaissent pas le matériel d'origine et se retrouvent à l'écran simplement avec un personnage cool qui tue des monstres. Un produit pop-corn créé spécialement pour soutenir un riche merchandising, une sorte de "Van Helsing" (oui, celui de Sommers) avec moins de budget, moins de CGI et un peu plus du côté des monstres.
Donc un "Dylan Dog – Le film" qui a peu à voir avec le "Dylan Dog" de la bande dessinée, mais cela, nous le savions déjà depuis les nombreuses indiscrétions qui ont fuité dans les mois précédant la sortie du long métrage. En réalité, à y regarder de plus près, les liens et les citations de la bande dessinée sont bien supérieurs à ceux que nous pouvions nous attendre : Dylan a un galion en construction sur son bureau, joue du clarinette, a une tasse de Scotland Yard, sur une photo on le voit en compagnie d'un type déguisé en Groucho Marx, il a le Maggiolone (mais avec les couleurs inversées, sinon la Disney réclamerait son Herbie !), porte la tenue classique veste noire / chemise rouge, possède un sex-appeal particulier pour les femmes, dit avoir un "cinquième sens et demi", vit dans la Craven Road et de plus, dans la version italienne, il prononce aussi le proverbial "Giuda ballerino". C'est un peu tout, il manque, comme on le sait, seulement le décor londonien, et ... Dylan Dog ! Déjà parce que celui porté à l'écran par Brandon Routh n'est pas Dylan Dog, au moins pas le Dylan Dog que le lecteur italien connaît. La ressemblance physique est parfois présente, même si ici il s'agit d'un Dylan plus jeune, athlétique et propre - peut-être plus proche des dessins de Giovanni Freghieri - mais il manque du charisme et de la personnalité qui ont toujours caractérisé l'Enquêteur de cauchemar. Routh ne met pas de passion et de personnalité à son personnage, c'est un protagoniste comme il y en a beaucoup, plutôt vide et incapable de créer une empathie avec le public. De plus, certains choix de scénario qui le rendent aussi homme d'action entrent en conflit avec le prototype (terrible la scène où Dylan et Marcus font irruption dans la villa de Vargas armés jusqu'aux dents).
On a donc compris que le fan de la bande dessinée aura beaucoup à redire et des citations comme les noms de Sclavi et Bonelli attribués à deux vieux vampires ne serviront pas à faire avaler la pilule amère. Mais pris comme un film à part entière, comme un produit pour les profanes du Dylan cartonné, ce film fonctionne-t-il ? Comme anticipé, "Dylan Dog – Le film", du point de vue purement cinématographique, est simplement médiocre, un film pop-corn destiné à un public adolescent qui se laisse sûrement regarder mais ne réussit pas à transmettre grand-chose sur le long terme. L'histoire n'a pas de coups de génie, au contraire, dans ses rebondissements, elle se révèle même prévisible ; les personnages sont peu percutants, tant du côté des humains que des monstres, avec une note particulière de démérite aux factions des vampires et des loups-garous, qui copient à outrance "Blade" et "Underworld" pour la mécanique interactive et la représentation iconographique. Dans le mélange de monstres qui peuplent "Dylan Dog – Le film", ceux qui s'en sortent le mieux sont les zombies, qui sont sans aucun doute superflus pour l'économie narrative de l'histoire, mais sont représentés de manière originale. Les morts-vivants de ce film sont des peureux qui ont besoin de communautés de récupération comme les alcooliques anonymes pour accepter leur condition de non-morts et se ravitaillent dans des "body shop" en pièces anatomiques de rechange. Les scènes avec les zombies sont peut-être celles les plus dylandoghiennes, parfois surréalistes comme certaines trouvailles historiques de la bande dessinée.
Une note de mérite au look et au maquillage de certains monstres, le super zombie et le démon final en particulier, attrayants et bien réalisés.
Le casting, en revanche, est faible. On a déjà parlé de Routh ("Superman Returns"), peu adapté au personnage, mais Taye Diggs ("Equilibrium"), qui interprète le vampire Vargas de manière peu percutante, et le factotum Peter Stormare ("Constantine"), qui est le chef loup-garou Gabriel, ne s'en sortent pas mieux. Peu convaincante, l'athlétique Anita Briem ("Voyage au centre de la Terre"), qui incarne Elizabeth, tandis que sympathique, bien que parfois exagérément grotesque, Sam Huntington ("Fanboys"), qui incarne l'assistant zombifié Marcus. Réalisation du bédéiste Kevin Munroe ("TMNT") et scénario de Thomas Dean Donnelly et Joshua Oppenheimer ("Conan le barbare").
Inconsciemment, j'aurais préféré un film ouvertement mauvais sur "Dylan Dog" plutôt que cet anonyme film d'horreur/fantaisie/action/comédie, un mélange de monstres et de genres réalisé avec médiocrité par des personnes qui ne savent pas et ne sont pas intéressées à savoir qui est "Dylan Dog" et le phénomène qu'il a été.
Les fans vont fulminer, tous les autres oublieront dès qu'ils seront sortis de la salle.
Jamais comme dans ce cas un reboot ne serait nécessaire !