RG
Roberto Giacomelli
•Rachel Carlson est une écrivaine à succès, avec une belle famille et une belle maison donnant sur la rivière. Un jour, la quiétude et le bonheur de Rachel disparaissent soudainement lorsque son fils Thomas se noie dans la rivière. Après des mois de douleur et un divorce, Rachel décide de louer une cabane sur les falaises d'un village écossais où elle peut méditer sur son passé récent et écrire tranquillement son nouveau roman. Là, la femme fait la connaissance d'Angus, le jeune gardien de phare avec un drame derrière lui : entre les deux naît l'amour. Les jours passent sereinement et Rachel semble enfin revenue au bonheur malgré les fréquents rêves où apparaît son fils défunt ; jusqu'au jour où toutes ses certitudes s'effondrent à nouveau, car elle apprend des villageois qu'Angus est mort il y a sept ans !
La règle de la réintégration sociale pour les stars d'Hollywood en déclin prévoit que les anciennes stars tentent la voie du thriller surnaturel pour se racheter aux yeux du public. C'est déjà arrivé à Kevin Costner (Dragonfly - Le signe de la libellule), à Winona Ryder (Lost Souls - La prophétie) et à Richard Gear (The Mothman prophecies), avec des résultats parfois heureux pour les protagonistes, parfois moins. La même voie a été empruntée par l'ancienne star Demi Moore, qui, trois ans après le sequel de "Charlie's Angels", tente le tout pour le tout avec ce "Half Light", thriller hitchcockien aux teintes surnaturelles.
Comme souvent pour ce genre de productions, à une réalisation technique et artistique de grande qualité s'ajoute une histoire souvent faible et peu originale ; c'est aussi le cas de "Half Light", un film respectable si l'on tient compte des nombreux mérites liés à la réalisation formelle de l'œuvre, mais ensuite extrêmement carencieux sur le plan contenu. Nous aurons donc affaire à un film réalisé avec maestria par un excellent Craig Rosenberg, capable de superbes travellings qui mettent en valeur le décor naturel suggestif qui sert de toile de fond à l'histoire, un environnement côtier à fort impact émotionnel et capable à lui seul d'attribuer de la valeur à l'ensemble de l'œuvre. À cela s'ajoute une photographie sombre, qui donne un sentiment de froid et de mélancolie, certainement très adaptée à l'atmosphère qui règne dans le film ; de plus, le choix des acteurs semble plutôt judicieux et à un bon Hans Matheson ("Deathwatch"), dans le rôle du mystérieux Angus, s'ajoute une Demi Moore toujours talentueuse et fascinante.
Alors, qu'est-ce qui ne fonctionne pas pour le mieux dans "Half Light" ? Le cœur central de chaque thriller qui se respecte, c'est-à-dire l'histoire, n'est pas tout à fait convaincant. Dans ce film, l'intrigue se déroule en trois moments bien distincts et discernables : on commence par la perte d'un être cher et de la sécurité familiale pour la récupération partielle de ces sécurités avec la rencontre du gardien de phare, d'où se développe une nouvelle vie. Le film commence donc sur des tons dramatiques puis sentimentaux. La deuxième partie prend des teintes de mystère de ghost story avec la révélation de la mort du gardien survenue il y a des années... et jusqu'ici rien d'étrange, puisque la majeure partie des thrillers surnaturels du nouveau millénaire suivent cette configuration, désormais considérée comme classique. Cependant, une troisième partie abandonne les tons surnaturels pour se stabiliser plus proprement sur le thriller, mais ce type de thriller est prévisible et un peu facile, certainement pas à la hauteur des attentes qui s'étaient créées.
L'opération "Half Light" ne peut donc pas être considérée comme entièrement réussie en raison de développements narratifs fluctuants et de certains choix de scénario pas très heureux. De plus, la tension tend à faire défaut, finissant par se concentrer dans de rares et plutôt téléphonés bus.
On pouvait (et devait) s'attendre à plus de ce film, même s'il reste fluide et assez adapté pour passer un couple d'heures de divertissement : ce n'est pas le pire de son genre saturé, mais il ne laisse certainement pas de marque.