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Roberto Giacomelli
•Karl Hockman est un jeune homme introverti qui travaille dans un magasin d'informatique, mais il est aussi le redoutable tueur des agendas téléphoniques ; Karl, en effet, s'empare des agendas de ses clients et commence à tuer un par un les contacts qui y sont inscrits. Un soir, après s'être procuré l'agenda de Terry Munroe, Karl a un accident et est transporté dans un état grave à l'hôpital, où il meurt. Mais en réalité, l'âme du tueur parvient à pénétrer dans le système informatique de l'établissement et peut désormais se déplacer à travers les câbles électriques qui traversent toute la ville. Maintenant, Karl veut achever son œuvre et commence à tuer les contacts de Terry en utilisant toutes sortes d'appareils électriques.
Combien de fois avons-nous vu dans un film un assassin qui, une fois mort, continue de vivre sous forme d'une quelconque énergie ? Ce n'est sûrement pas rare, mais le film dont "Killer Machine" ("The Ghost in the Machine" en version originale) s'inspire fortement est sans aucun doute "Sotto Shock" de Wes Craven, dans lequel un tueur en série continuait de vivre sous forme d'énergie électrique et se transmettait de corps en corps. La chose curieuse est que Rachel Talalay, la réalisatrice de ce film, a une énorme dette envers Craven, puisqu'elle doit lier ses débuts professionnels à la saga "Nightmare" dans laquelle elle a été assistante du directeur de production dans le premier film et a ensuite été impliquée à divers titres dans tous les chapitres suivants, jusqu'à en écrire et en réaliser le sixième. Heureusement, malgré la présence d'éléments assez substantiels en commun avec "Sotto Shock", "Killer Machine" parvient à avoir sa propre personnalité qui permet de le considérer sous un angle autonome et parfois même original.
Le film se concentre essentiellement sur les victimes, sur les humains, et le tueur en série n'est qu'une entité abstraite qui se manifeste à travers n'importe quel type d'appareil alimenté par l'énergie électrique. Si l'on exclut les premières scènes où le tueur est encore humain, c'est seulement dans la scène finale que Karl se matérialise sous forme de particules magnétiques mais avec son apparence d'origine ; et c'est justement le climax final qui semble particulièrement décalé, banal et mal fait dans un film qui, pour une bonne moitié, se laisse suivre et sait divertir.
L'intention un peu moraliste du film est de souligner la dangerosité et l'infidélité des ordinateurs et des diverses "diableries" électroniques, qui, dans un contexte historique daté de 1993, où les ordinateurs personnels n'étaient pas encore entrés dans tous les foyers, pouvait fonctionner comme un regard sur un monde encore inconnu et avec de nombreuses possibilités de fantasmer. Paradoxalement, même aujourd'hui, dans un monde pratiquement dominé par les technologies où se distingue l'omniprésence des ordinateurs, une idée comme celle à la base de "Killer Machine" pourrait être encore plus vraisemblable et proche de l'expérience quotidienne du spectateur, transformant ce qui pouvait sembler de la science-fiction en matière pure pour films d'horreur. De plus, pour diverses solutions narratives et pour l'accent et l'imagination mis dans les scènes de mort élaborées, "Killer Machine" rappelle "Final Destination". Un film en avance sur son temps, donc ? Probablement oui.
Mais "Killer Machine" présente aussi une certaine platitude, tant visuelle que rythmique, qui le rattache presque au produit télévisuel moyen (d'ailleurs, la réalisatrice finira par orienter sa carrière exclusivement vers la télévision, en réalisant des épisodes pour une quantité considérable de séries différentes). De plus, les personnages semblent peu intéressants et trop stéréotypés ; si l'on sauve la mère célibataire et déterminée interprétée par une Karen Allen ("Les Aventuriers de l'arche perdue" ; "Starman"), le petit Wil Horneff ("Stephen King's Shining" ; "The Roost – La tanière") est le classique et antipathique petit garçon éveillé qui sait tout des ordinateurs et des jeux vidéo, tandis que Chris Mulkey ("L'Alien" ; "Les Secrets de Twin Peaks") est l'un des "héros" les plus ternes que l'on ait vus dans un film de ce genre. La scène finale dans l'Ohio Tech est ensuite tournée avec approximation, maladresse et une demande de suspension de l'incrédulité trop grande. Les effets spéciaux numériques "bruts" qui apparaissent ici et dans la scène de la réalité virtuelle sont un signe de vieillissement précoce.
Avec plus de précautions, "Killer Machine" aurait pu être nettement meilleur, car certains aspects du sujet en font un film toujours actuel.
Divertissement discret et rien de plus.