RG
Roberto Giacomelli
•Deux hommes, qui n'ont apparemment rien à voir l'un avec l'autre, se retrouvent enchaînés aux extrémités opposées d'une pièce : entre eux, un cadavre avec la tête fracassée, une grande flaque de sang, un pistolet, et deux enveloppes avec une série d'indices et d'instructions pour jouer à un jeu sadique conçu par un fou recherché par la police que les médias ont surnommé "L'énigmiste". Les deux hommes ont quelques heures avant d'être tués tous les deux, à moins que l'un ne tue son compagnon pour sauver sa vie...
Le remarquable début de carrière du jeune James Wan, "Saw", a fait parler de lui dans le monde entier, recevant à la fois des critiques (des bien-pensants) et des éloges (de la critique de genre et de la plupart du public), ainsi qu'un succès inévitable au box-office.
Dès l'intrigue, on peut reconnaître quelques affinités avec le thriller de science-fiction "Cube" (les deux hommes enfermés dans une pièce, ignorant qui les y a mis et pourquoi) et naturellement avec le thriller qui, depuis 10 ans, compte un nombre considérable de clones après avoir révolutionné les règles du genre, à savoir "Seven" (le tueur moraliste qui torture de manière élaborée ses victimes jusqu'à la mort). Mais "Saw", partant de l'un pour aboutir à l'autre, s'en éloigne, créant une œuvre originale et tendue qui s'amuse à jouer avec les nerfs du spectateur.
Les lieux sont efficaces, le film est presque entièrement tourné en intérieur, grâce à une photographie sale, donnant un sentiment de malaise, de claustrophobie et de saleté. Les interprètes sont assez convaincants, surtout Cary Elwes semble particulièrement dans la peau du rôle du docteur Lawrence, homme de succès mais ennuyé et frustré par une vie monotone ; note de démérite en revanche pour Danny Glover, dont le personnage du policier en quête de vengeance semble peu fonctionnel à l'histoire et trop caricatural.
En ce qui concerne le profil réalisation/scénario, on peut noter des choix peu judicieux, en effet à certains moments James Wan accélère les séquences créant un sens fastidieux de type clip vidéo et le scénario, bien qu'efficace avec le jeu d'encastrement qui prend peu à peu un sens, n'est pas sans quelques trous.
Du point de vue gore, le film ne déçoit pas, grâce à des séquences de rareté violence et malaise qui restent gravées dans l'esprit du spectateur : parmi toutes, la torture infligée à la femme avec le piège à mâchoires et les pleurs hystériques de la petite fille du docteur (même maintenant, les mots étouffés et imprégnés de souffrance de l'enfant résonnent dans mon esprit... glaçant !).
En définitive "Saw" est un excellent thriller tendu et de rareté méchanceté, certainement pas exempt de défauts, mais qui réussit à se placer au-dessus de la moyenne des films de genre. Compte tenu du grand succès en patrie, James Wan se prépare à réaliser une suite.
Curiosité : l'affiche du film, qui représente sur fond blanc une main ou un pied, tous deux amputés, a été l'objet des foudres du Codacons, qui a demandé, avant même que le film ne sorte en salles, le retrait des affiches publicitaires des murs des villes et des sites internet. Mais ce n'est pas tout.. le film, sorti avec le visa de censure "film pour tous", a été l'objet d'une campagne, de la part de divers comités pour la protection des plus jeunes, pour le retrait des salles ou l'application d'une interdiction aux mineurs.