RG
Roberto Giacomelli
•Megan est plongée dans la dépression depuis que sa sœur jumelle Sofie s'est suicidée. Pour distraire la jeune fille, ses amis organisent un week-end dans la maison au bord du lac de Megan, à l'occasion de la fête de la Saint-Jean, solstice d'été. Une ancienne légende raconte que c'est précisément ce jour-là qu'il est possible d'ouvrir un passage entre le monde des vivants et celui des morts, et en effet Megan commence à voir des ombres étranges dans la maison et dans la forêt qui lui font penser que sa sœur essaie de se mettre en contact avec elle. Sorti discrètement et uniquement pour le marché de la vidéo à domicile, "Solstice", le nouveau film d'horreur réalisé par Daniel Myrick, l'un des deux auteurs de "The Blair Witch Project". Myrick, tout comme son partenaire historique Eduardo Sanchez, est un bon artisan, désormais dédié aux direct-to-video de qualité ; pourtant, contrairement au co-auteur de "The Blair Witch Project", qui a donné une excellente preuve avec "Atered – Peur de l'espace profond" et dont nous attendons "Seventh Moon", le réalisateur de "Solstice" semble s'être enlisé dans l'esthétiquement bon mais substantiellement médiocre. "Solstice" est le véritable étendard de cette tendance déjà engagée avec "Belivers". Dès le début, on entre dans le territoire du teen movie rural, avec un petit groupe de cinq jeunes (qui sait pourquoi ils sont toujours cinq...) en partance pour un beau week-end au bord du lac qui promet des étincelles. Pourtant, on remarque immédiatement que la voie que Myrick emprunte n'est pas celle du teen horror habituel rempli de personnages stéréotypés et stupides, mais une fois de plus, des jeunes non voués à la transgression à tout prix sont mis en scène, parmi lesquels seul Mark (Matt O'Leary), le "sympathique" du groupe, se distingue par sa stupidité (non excessive). Le scénario préfère donc se concentrer sur la construction psychologique de la protagoniste, interprétée par Elisabeth Harnois, une jeune fille tourmentée par la douleur de la perte de sa sœur jumelle. Il est louable de tenter de traiter le concept de lien psychique entre jumeaux, dans ce cas actif même au-delà de la vie, mais tout cela semble un peu trop artificiel et parfois gratuit pour laisser place aux apparitions du fantôme et au "frigna frigna" de la protagoniste. Les autres personnages sont malheureusement trop en second plan, peut-être à l'exception de Shawn Ashmore, l'Ice-man de la saga "X-men", qui interprète l'ex-petit ami de la jumelle décédée et maintenant épris de celle qui est vivante. L'histoire, écrite par Myrick lui-même en collaboration avec Ethan Erwin et Marty Musatov, s'inspire de "Midsommer", un film suédois de 2003 dont on peut considérer "Solstice" comme un remake. Ce qui est lié aux apparitions des fantômes, à leur tentative de se mettre en contact avec les vivants et la dérive vers le thriller à la fin est connu et nous a été raconté par le cinéma d'horreur sous toutes les formes innombrables fois, donc cette histoire de fantômes supplémentaire se révèle en fin de compte plutôt superflue. Ce qui peut sembler plus intéressant, en revanche, est l'aura de magie qui se cache derrière le contact ultraterrestre, ici expliqué par des pratiques vaudou (nous sommes en Louisiane, terre du vaudou par excellence en Amérique) et lié au jour du solstice d'été. Malheureusement, pourtant, à part quelques légendes racontées par le villageois Nick (Tyler Hoechlin) et le suggestif rituel de communication avec l'au-delà (la scène la plus réussie de tout le film), on ne donne pas de place à cet aspect et on se concentre sur les topoi les plus abusés du genre. "Solstice" manque dangereusement de rythme, en effet pendant les 50 premières minutes (le film dure un peu plus d'une heure et vingt minutes) il ne se passe pratiquement rien, résultant aussi assez ennuyeux... puis l'accélération prévisible du rythme, mais une meilleure calibration des événements et de la tension aurait certainement bénéficié au film. Techniquement parlant, "Solstice" est impeccable : belle et suggestive photographie, virée sur des couleurs chaudes conformes à l'ambiance, belles les décors naturels caractérisés par des marais et des forêts, et bons aussi les quelques effets spéciaux de maquillage et le son. Tous des éléments qui ne différencient pas ce "Solstice" d'un quelconque produit destiné à la distribution cinématographique. Dans un rôle mineur apparaît R. Lee Ermey, légendaire Sergent Hartman de "Full Metal Jacket" revenu en vogue ces dernières années pour le rôle du shérif Hoyt dans la nouvelle saga de "Massacre à la tronçonneuse". En conclusion, "Solstice" est une modeste histoire de peur qui manque de rythme et d'originalité ; elle se laisse regarder, ici et là place même la scène juste au bon moment, mais dans l'ensemble, elle résulte être une petite œuvre de peu d'importance.