Thanatomorphose backdrop
Thanatomorphose poster

THANATOMORPHOSE

2012 CA HMDB
octobre 4, 2012

Après une folle nuit de sexe avec son partenaire du moment, la jeune et jolie Laura se réveille au petit matin avec d’étranges marques sur le corps. La jeune femme n’y prête pas vraiment attention mais son état va toutefois très rapidement empirer. En effet, sa peau commence à se nécroser, ses ongles à tomber et tout son corps dégage une forte odeur de décomposition. Rien ne semble pouvoir enrayer ce phénomène répugnant et, au fur et à mesure que ses chairs se putréfient, la raison de Laura va se mettre à vaciller, la plongeant bientôt dans une véritable folie meurtrière…

Réalisateurs

Éric Falardeau

Distribution

Kayden Rose, David Tousignant, Émile Beaudry, Eryka Cantieri, Roch-Denis Gagnon, Karine Picard, Simon Laperrière, Pat Lemaire
Horror

CRITIQUES (1)

CR

Cristina Russo

Laura vient d'emménager dans un nouvel appartement. Elle mène une vie terne, sans stimulation, et a un petit ami grognon et peu dévoué. Un matin, elle se réveille avec des ecchymoses apparues inexplicablement sur son corps. À partir de ce jour, tous les symptômes d'une putréfaction prématurée commenceront à se manifester : des ongles qui se détachent, une peau qui pourrit, des os qui se brisent. Face à la prise de conscience de la fin imminente, la jeune femme se résignera à son sort. Premier long-métrage du Canadien Eric Falardeau, qui réalise une œuvre underground unique en son genre. Le film, distribué par la prolifique Black Lava Entertainment, a vu le jour après un parcours laborieux fait d'études et de recherches dans le domaine de la décomposition physique : le réalisateur s'est en effet diplômé en "études cinématographiques" en présentant une thèse sur les fluides corporels dans le cinéma gore et pornographique (!!!) Tout le "savoir théorique" de Falardeau est mis en œuvre dans ce film, visuellement fort mais étranger au concept de pornographie de l'horreur pour l'horreur elle-même : le processus biologique est en effet montré comme une métaphore et un reflet d'une existence vide et résignée à son destin. L'œuvre est divisée en trois chapitres ("désespoir", "un autre" et "soi-même"), une structure qui renvoie à "La Maladie Mortelle" du philosophe Søren Kierkegaard, un essai qui, par l'approche psychologique, traite du thème de la maladie et du désespoir comme deux faces d'une même médaille. Et c'est justement la mort le cœur du film, ou plutôt le délitement du corps comme acte conclusif d'un anéantissement mental et spirituel. "Thanatomorphose" est volontairement dépourvu d'intrigue narrative et raconte ce peu qui suffit sur la vie de la protagoniste et sur sa relation non idyllique avec son petit ami, dépeint comme une figure insensible et bourrue. Excellente l'interprétation de Kayden Rose qui a dû se soumettre à des heures de maquillage : excellent le travail prothétique et de maquillage, rendu encore plus réaliste par une photographie toujours équilibrée. Le réalisateur canadien utilise un langage cinématographique non conventionnel, qui se révèle à certains moments ardu mais qui parvient à entraîner le spectateur dans un tourbillon d'angoisse et d'aliénation, lui faisant presque percevoir à travers l'écran l'odeur nauséabonde de la décomposition. Chaque détail reflète le drame intérieur et extérieur de Laura : des séquences dilatées et des rythmes lents accentuent l'atmosphère oppressante, encore exacerbée par un décor dépouillé et terne (la maison, seule location du film), qui rappelle inévitablement Jorg Buttgereit, dont Falardeau a repris le style de réalisation, toujours attentif et raffiné. La mutation de la jeune femme – qui ne laisse aucun espace à l'imagination – est accompagnée par la bande-son Guild of Funerary Violins : une marche solennelle, mélancolique et romantique qui exalte l'esthétique du film en explorant l'éventail des émotions liées au deuil et à la mort. Obsédant l'élément sexuel, conçu probablement comme le seul pont de liaison avec la vie : face à une fissure dans le mur qui rappelle les parties intimes féminines, Laura ne renoncera pas à s'abandonner au plaisir charnel en solitaire, et même quand son corps tombera littéralement en morceaux, elle accordera une fellation désespérée à un de ses (ex) admirateurs, qui se retrouvera face à une scène surréaliste, où sperme, vers et liquides corporels se mélangent dans une danse putréfiée. Dans cette descente inexorable aux enfers, entre matière organique en décomposition et craquement d'os qui se brisent, il n'y a pas de place pour l'espoir, pas de place pour la lutte, il n'y a que la conscience de la fin. Une conscience réelle, tangible, avec laquelle chacun de nous pourrait se retrouver à devoir composer. Et c'est peut-être cela, le vrai horror. Critique originale publiée sur le blog M'illumino di Horror