Alléluia backdrop
Alléluia poster

ALLÉLUIA

2014 BE HMDB
novembre 26, 2014

Lorsque Gloria accepte de faire la connaissance de Michel, contacté via un site de rencontre, rien ne laisse présager la passion destructrice et meurtrière qui naîtra de leur union...

Réalisateurs

Fabrice Du Welz

Distribution

Laurent Lucas, Lola Dueñas, Héléna Noguerra, Stéphane Bissot, Édith Le Merdy, Anne-Marie Loop, David Murgia, Renaud Rutten, Philippe Résimont, Pili Groyne
Dramma Horror Thriller

CRITIQUES (1)

CR

Cristina Russo

Gloria est une femme d'une quarantaine d'années, divorcée et avec une petite fille. Sa vie est plutôt monotone et déprimante. Skeptique mais encouragée par une amie, elle décide de rencontrer Michel, connu sur un site de rencontres : c'est l'amour au premier regard. Malgré les tentatives de l'homme de la tromper, la dévotion que Gloria lui porte est si grande qu'elle le soutient dans sa conduite immorale et mensongère, au point de devenir sa complice. Dans une spirale de passion et de folie, leurs vies changeront à jamais. Avec "Alleluia", Fabrice Du Welz clôt un triangle parfait commencé avec "Calvaire", un film d'horreur atypique erronément classé par beaucoup comme torture porn, et poursuivi avec le dramatique et éprouvant "Vinyan". Le réalisateur belge est indubitablement l'un des noms les plus marquants du cinéma européen – pas exclusivement horreur – grâce à sa puissance créative et à ses capacités techniques particulières démontrées dans chacune de ses œuvres. Le mérite majeur du cinéaste est d'avoir façonné un style absolument personnel et unique en son genre, ce qui rend difficile (et inutile) toute tentative de comparaison. "Alleluia", plus qu'un film au sens strict du terme, représente une expérience douloureuse non seulement visuelle mais aussi et surtout spirituelle, une descente dans les abîmes qui laisse une marque indélébile. Comme dans chaque film signé Du Welz, ici aussi, le travail minutieux de caractérisation des personnages joue un rôle fondamental dans la transmission du message du film. Excellente la performance de Lola Duenas dans le rôle de l'hystérique Gloria, dont le travail (préparer les défunts) reflète une existence vide et triste, et qui trouvera en Michel une occasion de rédemption à poursuivre à tout prix (littéralement). Le beau ténébreux protagoniste masculin est interprété par un brillant et charismatique Laurent Lucas (déjà protagoniste de "Calvaire"), dont la nature rusée et malhonnête est le fruit d'un passé terrible, marqué par des incestes et des violences. Les deux amants, dépeints avec des traits caricaturales et animaux, manifestent métaphoriquement et sans limites certaines des véritables essences de l'homme. En embrassant les pulsions instinctuelles les plus spontanées et primitives et en éteignant tout éclat de moralité et de raison, ils se retrouveront prisonniers dans un monde qu'ils ont eux-mêmes créé, où la réalité glaçante se heurtera férocement à l'illusion du bonheur. L'intrigue (inspirée de l'histoire des "meurtriers de la lune de miel" Raymond Fernandez et Martha Beck) se déroule à travers des rythmes lents mais fonctionnels à la compréhension de la nature et des comportements des deux personnages. Les temps ainsi volontairement étirés permettent à Du Welz de construire un immense château imaginatif qui exploite une mise en scène dérangeante et esthétiquement magnifique, immergée dans une atmosphère surréaliste qui sert de cadre parfait aux actes homicides de nos protagonistes. Nombreux sont les moments oniriques, soulignés par une stagnation de fond (parfois vraiment déstabilisante et suggestive) qui implique une réalisation méticuleuse et polyvalente, capable d'atténuer – bien que de manière discontinue – la lourdeur narrative. Les actions criminelles et effroyables qui se consomment – avec une certaine redondance – ne sont autre que la transposition matérielle d'un sentiment obsessionnel et morbide décliné en possession, vengeance et égoïsme. Et ainsi, au fur et à mesure que les minutes passent, le spectateur se retrouve pris dans un tourbillon d'émotions dévastatrices, subissant passivement et avec malaise l'identification avec les personnages. En réduisant le contexte et en le dépouillant de cet extrémisme qui le rend efficace dans la fiction cinématographique mais improbable dans la réalité, nous pouvons tous nous identifier dans une certaine mesure à Gloria et à Michel, et c'est peut-être la conscience de cela qui rend le film si impitoyable et brutal. L'œuvre n'a certes pas été conçue pour divertir : pour l'apprécier pleinement et pour en saisir les innombrables nuances, il est nécessaire d'avoir la bonne disposition d'esprit. En conclusion, "Alleluia" est un voyage hallucinant à travers les terres désolées du drame, de la solitude et de l'espoir (trahi) ; une danse infernale entre la haine et l'amour. Une vision malade et souffrante vraiment difficile à oublier. Critique initialement publiée sur le blog M'illumino di Horror

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