MC
Marco Castellini
•Un husky sibérien en fuite sur les neiges de l'Antarctique est constamment pris pour cible par les tirs de fusil d'un hélicoptère norvégien qui le poursuit. Les hommes d'une base scientifique américaine, vers laquelle l'animal se dirige, assistent, consternés, à cette scène qui se termine par une fusillade et l'explosion de l'hélicoptère. Le pilote Mac Ready et le docteur Copper se rendent au camp norvégien pour obtenir des explications sur ce qui s'est passé, mais découvrent que le campement a été ravagé par une force surhumaine et que tous ses occupants sont morts. La cause de tout cela est une créature extraterrestre qui s'est écrasée sur Terre il y a des milliers d'années et qui a été réveillée de son sommeil glacial par les scientifiques norvégiens. L'être assimile les organismes avec lesquels il entre en contact pour ensuite en prendre l'apparence, changeant constamment de forme, dans le but de coloniser la Terre. Pour les hommes de la base, le problème est maintenant de découvrir quel corps l'extraterrestre a pris possession...
Souvent défini comme un remake de "La Chose d'un autre monde", le film de 1951 réalisé par Nyby et produit par Howard Hawks, en réalité ce "The Thing" de Carpenter est plutôt une relecture (plus fidèle) du récit de Campbell "Who Goes There?" dont le film de Nyby s'était également inspiré. Il s'agit sans aucun doute de l'une des meilleures œuvres de l'auteur, notamment grâce à une réalisation habile qui combine prouesses techniques et coups bas sans jamais tomber dans la vulgarité ou la superficialité (ce qui est particulièrement difficile pour un film marqué par l'excès). "La Chose" est un film féroce, pessimiste et nihiliste dans lequel Carpenter pulvérise tout optimisme : sa "chose" est en soi l'indescriptible, l'irrationnel, une sorte de folie contagieuse montante qui n'épargne rien ni personne. La bande-son est confiée au maître Ennio Morricone, mais l'élément principal du film reste les splendides effets spéciaux créés par Rob Bottin, qui, à coups de latex et de prothèses, rend possibles des mutations horribles jamais vues auparavant sur grand écran. Plus sombre et claustrophobe qu'"Alien", effrayant et terrifiant comme "L'Exorciste", le film aurait dû être un succès mondial, mais il fut l'un des plus graves échecs du réalisateur, au point de presque provoquer la faillite de la Universal Production. Et tout cela parce que, la même année, "E.T." de Spielberg faisait fureur sur les écrans et personne ne voulait croire en l'extraterrestre maléfique ; tout le monde voyait les êtres d'un autre monde comme de tendres créatures à câliner et à choyer, et non comme des parasites mutants terribles déchirant corps et esprits. Même la critique fut féroce, allant jusqu'à qualifier Carpenter de "pornographe de l'horreur", avant de (comme souvent) réévaluer "La Chose" plusieurs années plus tard, jusqu'à l'inscrire parmi les meilleurs films de genre jamais réalisés. À voir (et revoir) sans réserve.