RG
Roberto Giacomelli
•Un jeune policier et son collègue alcoolique enquêtent sur le cas de plusieurs jeunes femmes retrouvées déchiquetées dans les ruelles d'Hollywood. L'affaire semble être d'une certaine manière liée au meurtre de Betty Short, l'actrice connue sous le nom de Black Dahlia qui, en 1947, a été déchiquetée lors d'un casting qu'elle avait l'intention d'utiliser pour percer dans le monde d'Hollywood. Si vous associez le titre "Black Dahlia" aux visages de Josh Hartnett, Scarlet Johansson et Hilary Swank, sachez que je ne m'apprête pas à critiquer le beau film de Brian De Palma, mais le dernier avorton immonde de celui qui commence sérieusement l'ascension vers l'olympe des pires réalisateurs jamais apparus sur la face de la terre : Ulli Lommel. Polonais de naissance, Lommel se targue d'une carrière en tant que réalisateur, scénariste, acteur, producteur, directeur de la photographie, compositeur et qui sait quoi d'autre, échouant pourtant misérablement dans chaque rôle qu'il s'improvise à assumer. Avec une moyenne de note de 1,5 étoiles sur imdb, ses films font du laid une véritable convention, il suffit de citer certains de ses titres pour s'en rendre compte : "Mirror - Qui vit dans ce miroir ?" (et suites), "Green River Killer", "Zombie Nation". Des personnes comme Lommel devraient être tenues éloignées d'une caméra, mais depuis que les caméras numériques ont été inventées, les coûts de production ont considérablement diminué et ainsi des "professionnels" de la saleté comme notre Lommel peuvent se permettre de s'auto-produire de 2 à 4 films par an. Une véritable menace ! Au cours des dernières années, notre homme semble s'être spécialisé dans la réalisation d'horreurs tirées de faits réels et ainsi de "Green River Killer" à "Zodiac Killer" on arrive à ce "Black Dahlia", plus qu'un film, une véritable épreuve de résistance pour le spectateur. En effet, regarder ce film ressemble un peu à être impliqué dans l'une des nombreuses tortures de l'Énigmatiste : aimez-vous le cinéma d'horreur en vous moquant de ce qui vous entoure ? Bien, pour la peine du châtiment contraire, vous êtes forcé de regarder un film d'horreur qui pourrait vous faire détester le genre et vous pousser à fuir de chez vous et à courir heureux dans les prairies à poursuivre les papillons. "Black Dahlia" a ce pouvoir, peut-être est-ce le diable en personne qui l'a inspiré, il est profondément laid, si laid qu'il est nocif pour l'intelligence du spectateur. Pendant 1h20min, on est forcé d'assister à quelques scènes répétées au moins une dizaine de fois ; en effet, le film est répétitif à l'extrême, devenant irrémédiablement ennuyeux dès dix minutes après le début. En pratique, le film est construit ainsi : une jeune fille se rend à un casting dans un entrepôt abandonné pour interpréter Black Dahlia, ici elle rencontre une femme d'une trentaine d'années habillée comme une écolière (avec des cheveux en mèches... il ne lui manque que la sucette) qui se comporte comme une possédée avec le syndrome de la Tourette, assistée par deux crétins (l'un avec un casque de rugby, l'autre avec un masque sadomaso...). L'aspirante actrice est allongée sur une table sale de sang et attachée sans soupçonner quoi que ce soit, puis elle est déchiquetée. Les trois assassins idiots sautillent et portent avec désinvolture dans toute la ville des morceaux de cadavres qu'ils posent ensuite dans la ruelle derrière l'entrepôt (?). Coupure temporelle. Une équipe de style C.S.I., pourtant composée d'une femme obèse bavarde, d'un policier adolescent, d'un ivrogne toujours affalé par terre avec une bouteille à la main et de deux autres là pour faire de la tapisserie, se retrouve sur la scène du crime et enquête, discutant du plus et du moins. Coupure temporelle. Le policier adolescent est obsédé par l'affaire et fait des cauchemars sur Black Dahlia de 1947 (pourquoi ???). Coupure temporelle. Une jeune fille se rend à l'entrepôt pour le casting et l'histoire se répète identique, avec une utilisation fréquente des mêmes images. Et ainsi de suite pendant 80 minutes. En somme, une expérience vraiment épuisante. Ensuite, le film est réalisé de manière si pédestre qu'on regrette même certaines saletés distribuées par Pinocci. La réalisation n'existe pas, tout est filmé ainsi à la va-vite avec une caméra numérique discount ; le montage, gonflé d'effets "speciaux" tels que des ralentis, des rembobinages, des flashs soudains et des inserts en noir et blanc, est vraiment ennuyeux dans son désir d'être "cool" mais en fin de compte seulement "pathétique". La bande sonore est aussi répétitive que le film ; les effets spéciaux se limitent à de simples éclaboussures de sang qui voudraient faire paraître le film violent (mais en réalité, c'est un film inoffensif comme "Cendrillon" de Disney). Sans parler des acteurs, si ridicules qu'ils suscitent à première vue des crises de rire irrésistibles. Mes préférés sont Elissa Dowling, qui interprète l'assassine habillée en écolière, une petite actrice qui en seulement 2 ans a déjà joué dans treize films (et malgré le nombre, ce ne sont pas des films pornographiques, mais tous des horreurs super low budget, certains réalisés toujours par Lommel), et Ross Atwer, c'est-à-dire le jeune policier. Naturellement, le film est fortement déconseillé, mais il devrait être vu pour se rendre compte que le "laid" n'a pas de limites. Pitiable, mais il mériterait moins.