RG
Roberto Giacomelli
•Elizabeth assiste à l'exécution de plusieurs immigrées destinées au marché de la prostitution par le patron Jimmy Dolan. Elizabeth parvient à s'échapper mais perd son téléphone, qui est récupéré par le criminel. La femme décide de témoigner contre Dolan, mais ce dernier parvient à la retrouver et, malgré la protection de la police, il parvient à la tuer avant le procès. Robinson, le mari d'Elizabeth, commence à élaborer un moyen de se venger seul, puisque sans le témoignage de la femme, il n'y a pas de preuves contre Dolan. L'homme décide donc d'utiliser contre le criminel une des choses auxquelles il tient le plus : la Cadillac sur laquelle il voyage toujours.
Les années passent, les modes changent mais l'intérêt que le cinéma porte vers la littérature de Stephen King est toujours immuable. L'écrivain prolifique du Maine a des dons indiscutables qui n'ont souvent pas été valorisés par les adaptations cinématographiques de ses écrits, mais parfois ses propres œuvres pataugent dans le médiocre dès le papier. C'est le cas de "La Cadillac de Dolan", une nouvelle publiée dans l'anthologie "Cauchemars et délires" qui bénéficie aujourd'hui d'une adaptation cinématographique tout aussi médiocre, sinon pire.
Les prémisses narratives de "Dolan’s Cadillac" étaient bonnes, après tout, on prenait la structure la plus classique – mais toujours efficace – du film sur la vengeance/justice privée en l'habillant légèrement de suggestions paranormales (le fantôme de la femme qui réclame vengeance) et d'un cadre désertique (quasi) inédit pour le genre. Malheureusement, tout ce qui est bon est déçu par une série de banalités et de graves négligences qui étaient en partie déjà présentes dans la nouvelle de King. La première est la vengeance élaborée par le protagoniste, que je ne vous révèle pas pour ne pas vous gâcher la surprise, mais sachez qu'elle est si improbable et avec une "préparation" menée de manière si superficielle qu'elle mine vraiment toute tentative de suspension de l'incrédulité. Pour mettre en œuvre le plan de Robinson, il faudrait une équipe d'ouvriers, beaucoup de temps à disposition, des matériaux spécifiques et la certitude non seulement que personne ne se trouve à passer dans la zone concernée pendant tout le (long) temps de préparation et après, mais que la victime ne remarque pas le piège évident avant d'y tomber. Trop de variables qui jouent en défaveur du "justicier" pour que le plan réussisse et qu'il soit, surtout, minimement crédible.
Une grande partie de la faute pour les défauts qui affligent "Dolan’s Cadillac" revient au scénariste Richard Dooling, déjà "dépendant" de King pour la série télévisée "Kingdom Hospital", qui semble incapable d'adapter avec un langage de long métrage le matériel préexistant. Ainsi, on tend à passer sous silence de nombreux éléments qui auraient dû être approfondis (comme le travail de Robinson sur le chantier), au risque de sentir un trou scénaristique. Le travail effectué sur les personnages n'est pas non plus satisfaisant, tous trop superficiels, à commencer par le mari-venger qui ne semble pas suffisamment motivé et impliqué par les événements. Mais dans ce cas, une note de démérite doit être donnée aux interprètes. Si Emmanuelle Vaugier ("Saw II") est insignifiante, Wes Bentley ("-2: Niveau de terreur") est vraiment mauvais, avec la même expression à mi-chemin entre l'étonné et l'abruti pendant toute la durée du film. On remarque, en revanche, que Christian Slater ("Schegge di follia") s'est plus engagé que les autres pour donner de la profondeur à son personnage, mais, au-delà des compétences d'acteur déjà maigres, l'acteur semble particulièrement inadapté pour le rôle.
Tout cela n'est pas aidé non plus par le réalisateur télévisuel Jeff Beesley qui signe l'œuvre avec un anonymat stylistique absolu. Ajoutez aussi que "Dolan’s Cadillac" s'installe sur des rythmes particulièrement lents, par moments soporifiques, et vous aurez une raison de plus pour ne pas être poussé à vous procurer ce film.