Il y a bien longtemps, la Terre traversa un nuage stellaire de poussière radioactive qui sema le chaos sur notre planète en déclenchant un effroyable appétit de chair humaine. La terreur dura jusqu'à ce que la toute-puissante compagnie ZomCon mette au point un collier qui domestique littéralement les zombies.Devenues jardiniers, livreurs de lait ou même véritables animaux de compagnie, ces créatures sont désormais partout, sous le parfait contrôle de leur collier, dans un monde réglé comme du papier à musique.Pour le jeune Timmy, tout cela est aussi stupide qu'illusoire et lorsque sa mère achète l'un de ces zombies, Fido, pour l'aider dans les tâches ménagères, il va avoir l'occasion de mesurer à quel point. Parce que Fido va le sauver, une belle amitié va naître entre le jeune garçon et la créature, mais lorsque son collier tombe en panne, les voisins ne tardent pas à en faire les frais...
Réalisateurs
Andrew Currie
Distribution
Billy Connolly, Carrie-Anne Moss, Dylan Baker, Kesun Loder, Henry Czerny, Tim Blake Nelson, Sonja Bennett, Alexia Fast, Brandon Olds, Jennifer Clement
DrammaHorrorCommediaRomance
CRITIQUES
(1)
RG
Roberto Giacomelli
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Seconde Guerre mondiale. Un nuage spatial radioactif fait revivre les morts sur Terre et pousse les humains à entamer une guerre contre les zombies. Après quelques années, la multinationale ZombCon résout le problème : des colliers sont créés qui, appliqués aux morts-vivants, parviennent à inhiber leurs pulsions violentes, les transformant en êtres lobotomisés dociles et obéissants. Les zombies sont ainsi utilisés par les hommes comme tout-faire et employés dans les travaux les plus humiliants et pénibles. La famille du petit Timmy décide également de prendre un zombie, immédiatement baptisé Fido, auquel l'enfant s'attache particulièrement. Mais bientôt, la quiétude de la ville est bouleversée par plusieurs incidents mortels déclenchés par Fido lui-même.
Dans le vaste océan des films photocopie dédiés à la figure du zombie, nous voyons émerger une variante agréable qui s'appelle "Fido". Le réalisateur et scénariste Andrew Currie regarde évidemment la mythologie créée par George A. Romero, confirmant la règle selon laquelle après "La nuit des morts-vivants", chaque film de zombie est le même film de zombie, mais il s'en éloigne intelligemment du canevas habituel, n'utilisant que quelques éléments chers au réalisateur de Pittsburgh mais réinventant le reste. Ainsi, il y aura une humanité bouleversée par la plaie zombiesque qui s'est auto-isolée dans un territoire apparemment sûr (très "La terre des morts-vivants") et des zombies capables de ressentir des sentiments humains ("Le jour des zombies"), le même look des morts-vivants est le "classique", mais en enlevant cela, nous avons affaire à l'une des variantes les plus originales et réussies du genre.
Certaines trouvailles de scénario sont simplement géniales, notamment l'ouverture avec un film didactique ironique de propagande destiné à expliquer aux enfants de l'école (et au spectateur avec eux) ce qui s'est passé sur Terre et quel rôle joue la ZombCon dans l'affaire, et l'idée de situer l'histoire dans les années 1950 dans une ambiance qui rappelle beaucoup la Guerre froide.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, les deux blocs internationaux Est-Ouest et leurs principaux représentants, l'Union soviétique et les États-Unis, sont tombés dans un climat de profonde hostilité qui a pris le nom de Guerre froide. Le conflit, bien qu'ayant duré près d'un demi-siècle, n'a heureusement pas abouti à un véritable affrontement, mais la confrontation idéologique s'est faite très visible, au point d'inspirer même l'industrie culturelle dans la création de certains des meilleurs films de science-fiction américains de l'époque. "Fido" semble vouloir accueillir cette optique sous un angle nostalgique-ironique-critique et pour ce faire de la manière la plus explicite, il plonge la situation dans les années 1950, dans l'une de ces villes de province américaines rieuses où tout est si faussement parfait, où vivent les familles heureuses typiques de "Happy Days". Dans cette situation de bonheur apparent, on vit entouré d'un monde peuplé de morts-vivants affamés de chair humaine où cette fois la similitude romerienne "zombie=humain corrompu par la société" semble être renversée. Currie, en effet, nous montre l'homme à son pire, profondément raciste, consommateur et inséré dans une optique élitiste peu rassurante. Ce qui est le plus souligné est la profonde peur et hostilité de l'homme envers l'autre, envers ceux qui viennent de la zone au-delà de la barricade, monstres cannibales et sans raison. Seuls quelques personnages se sauvent de la connotation négative et ce sont les innocents (le petit Timmy) ou ceux qui ont appris à coexister avec les différents (Mme Robinson et le voisin), qui ne les exploitent pas selon la vision capitaliste typique mais parviennent à ressentir des sentiments pour eux. C'est donc l'être humain qui se montre "aveugle" et manipulé (par la toute-puissante ZombCon), tandis que le zombie est presque synonyme de liberté, de réveil anarchique de la torpeur de la vie.
L'intention du réalisateur est plutôt profonde et en grande partie exprimée efficacement et avec sagacité, grâce au ton léger de la comédie ; quelques défauts peuvent être remarqués juste dans le rythme parfois changeant du film.
La réalisation est très sobre et dans certains cas nobilitée par de belles trouvailles visuelles ; dans le casting, se distinguent les visages connus de Carrie-Ann Moss ("Matrix" ; "Disturbia") dans le rôle de Mme Robinson, Dylan Baker ("Spiderman 2" ; "Era mio padre") dans le rôle de M. Robinson et Billy Connolly ("L dernier samouraï" ; "X-Files : Je veux croire") dans les vêtements putréfiés de Fido.
Intelligent et réussi, "Fido" est une vision alternative sur le thème du mort-vivant qui vaut absolument la peine d'être gardé en collection.
Il mérite une demi-citrouille en plus.