MC
Marco Castellini
•Les Fleuves Pourpres 2 - Les Anges de l'Apocalypse
Dans un monastère français à la frontière allemande, le cadavre d'un homme est découvert muré. Le commissaire Niemans enquête sur ce fait. Pendant ce temps, le jeune capitaine Reda tombe sur un homme dont l'apparence rappelle celle de Jésus-Christ, dont la vie est menacée par un groupe de moines assassins mystérieux. Les deux enquêtes finissent par se croiser. Suite de "Les Fleuves Pourpres", écrit par le réalisateur de "Léon", "Nikita" et "Le Cinquième Élément" Luc Besson, partage avec le prototype réalisé par Kassovitz une atmosphère inquiétante aux échos surnaturels, et malheureusement aussi une solution rationnelle précipitée qui contraste avec le reste du film. La réalisation de Dahan est surprenante, aux limites du virtuosisme, en grande partie redevable des films d'Argento et des suggestions typiques des clips vidéo. La caméra ne reste jamais immobile et certaines prises de vue sont agréablement surprenantes. Bonne la photographie, sombre même dans les scènes en plein soleil. La qualité des interprétations varie, mais parmi tous, il y a le grand Jean Reno, un acteur de race comme il en existe peu. Le seul défaut de sa performance sont les deux dernières minutes, où le film se termine comme un épisode d'une série télévisée américaine comme "L'A-Team" ou similaire, pleine de blagues et de sourires, en total contraste avec le reste de l'histoire : une chute de ton qui laisse une trace. Cependant, ceci n'est que la partie la plus basse d'une parabole descendante, car dès le dernier segment, c'est-à-dire lorsque le mystère est révélé (et l'inquiétude du surnaturel se dissout comme de la fumée dans le vent) et que l'intrigue prend un tournant à la Indiana Jones, avec autant de piège basé sur la lumière qui fait tellement "Les Prédateurs de l'Arche Perdue", donc cite de manière plus ou moins explicite le célèbre "Astérix" d'outre-Rhin (les œuvres de Goscinny et Uderzo, je veux dire), où au lieu de la boisson magique, il y a des amphétamines plus concrètes qui ont miraculeusement un effet immédiat sur l'organisme. Dommage que ce manque d'inspiration ait frappé Besson précisément dans le final (qui était déjà assez décevant dans le prototype), car pour le reste, le film est très savoureux : les qualités visuelles du film sont certainement appréciables, mais ce qui compte le plus, c'est son esprit de "film de genre" à 360 degrés. En effet, sur la base typique du thriller avec une touche d'horreur, des séquences d'action vraiment pas mal trouvent leur place, comme celle où Reda (Magimel) se lance à la poursuite de l'un des moines démoniaques ou la fusillade finale dans l'un des tunnels de la ligne de défense Maginot. Même du point de vue purement horrifique, le film ne déçoit pas : outre une atmosphère décidément sombre (grâce à la photographie ci-dessus), le film présente des scènes plutôt fortes aussi du côté splatter, avec des têtes tranchées, des doigts qui sautent sous les coups de pistolet, des yeux crevés, des corps massacrés et l'énigme du martyre de Saint Sébastien (qui, depuis "Vendredi 13" aurait pu vivre des droits d'auteur). Il fait certainement plaisir de voir que au moins les Français (mais aussi les Espagnols, les Allemands, les Anglais, les Hollandais... en pratique tous sauf nous!) ont repris à faire ce genre de films, et je m'excuse si chaque fois que je critique un film européen, je mentionne ce sujet. Par ailleurs, un troisième chapitre a été annoncé, qui conclura la trilogie, dont la réalisation sera assurée par Florent Emilio Siri, le même que "Nid de Guêpes". En définitive, "Les Fleuves Pourpres 2" est un film divertissant, certainement pas un chef-d'œuvre, mais de nos jours qui en a vu?