MP
Marco Pitzalis
•Geum-ja a passé treize ans en prison pour le kidnapping et le meurtre d'un enfant, un crime qu'elle n'a pas commis, mais dont on l'a accusée pour couvrir un homme auquel elle était particulièrement attachée et qui l'a piégée. Pendant sa détention, la femme a un comportement exemplaire et se montre toujours gentille et disponible avec tous. Sa peine purgée, Geum-ja se met à la recherche du vrai responsable du crime pour se venger. "Lady Vengeance" est un film qui commence avec une certaine légèreté, la première partie, en effet, est agréable et pleine d'ironie : nous suivons l'histoire de Geum-ja, condamnée à treize ans de prison pour le kidnapping et le meurtre d'un enfant, mais nous comprenons rapidement qu'il y a quelque chose qui ne colle pas. Pendant les années de prison, son image de détenue modèle (presque une sainte) a impressionné ses compagnes, et ce sont elles qui l'aideront une fois sortie de prison. L'angélique Geum-ja change pourtant. Sortie de prison, c'est une femme nouvelle. Une femme impitoyable, terriblement sombre et attirante. Une femme fatale, mortelle et dangereuse. C'est une femme en quête de vengeance. L'auréole de sainteté disparaît complètement. Le développement de l'histoire commence à se compliquer, et nous nous demandons pourquoi elle a confessé un crime qu'elle n'a pas commis. Mais qui est le vrai coupable ? C'est Choi Min-sik, l'acteur qui jouait Daesoo dans "Old Boy", remarquablement convaincant dans le rôle du pédophile visqueux et abominable Baek. Les affaires se compliquent terriblement, et la légèreté disparaît pour laisser place à une sombre réflexion sur le phénomène de la pédophilie. Le pédophile est capturé par Geum-ja, qui découvre un fait horrible : avoir assumé la responsabilité du meurtre de l'enfant a laissé le champ libre au monstre, qui a commis d'autres crimes atroces. C'est donc le devoir de Geum-ja de le remettre aux parents des pauvres victimes. C'est ici que nous entrons dans la réflexion. Le réalisateur est habile à décrire le caractère et la personnalité des parents des enfants victimes, qui entrent immédiatement en conflit entre eux : certains proposent de le remettre à la police, d'autres, logiquement, veulent se faire justice eux-mêmes. Ils opteront finalement (évidemment) pour la seconde option. Mais ne nous attendons pas à des tortures effroyables et sanglantes. Il y a peu de violence physique dans ce film. Le spectateur aurait voulu voir le pédophile massacré par les tortures les plus diverses et originales, mais Park préfère montrer les visages et les réactions des parents face aux vidéos des tortures de leurs petits, la "loterie" pour décider l'ordre dans lequel ils entreront dans la pièce où Baek est enfermé (moment d'une absurdité totale), et l'enterrement du cadavre du maître-pédophile. Voici la véritable violence du film : les visages des parents, détruits par une douleur indicible, face aux souffrances de leurs enfants. Et c'est ici que le débat peut s'engager : leur vengeance est-elle justifiée ? Après un débat cruel, il reste encore une question : qui est Geum-ja ? Une sainte ? Une assassine impitoyable ? Peut-être est-elle un peu des deux : c'est une femme ambiguë, sans aucun doute. Nous la connaissons d'abord comme une jeune femme de vingt ans (plutôt désinhibée, étant donné qu'elle tombe enceinte à vingt ans) avec mille rêves à réaliser, puis comme un ange, puis comme la dame de la vengeance. C'est une femme qui a beaucoup souffert, mais c'est aussi une femme qui a commis des erreurs graves : elle a participé en tant que complice de Baek au kidnapping de l'enfant ; sa confession, visant à sauver la vie d'une personne qui lui est très chère, conduit à la mort d'autres enfants ; ces squelettes dans le placard font en sorte que le kidnapping et le meurtre de Baek ne la libèrent définitivement des tourments existentiels. Parmi les scènes à retenir : le dîner des parents pour "fêter" d'un ton décidément mélancolique et triste, l'anniversaire de l'un des enfants tués, et la chute de neige finale, d'une blancheur splendide qui nous donne peut-être un rayon d'espoir et éclaire l'avenir de notre protagoniste ambiguë et controversée. Il reste une dernière chose à dire. Comme pour les films précédents, peut-être encore plus ici, la photographie est splendide, au point que dans certaines séquences, on peut perdre les discours parce qu'on peut rester fasciné par la beauté des images.