RG
Roberto Giacomelli
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L'Evocation - The Conjuring
1971, Harrisville, Rhode Island. Roger et Carolyn Perron, accompagnés de leurs cinq filles et de leur chien, viennent de s'installer dans une grande maison à la campagne, juste au bord d'un lac. La maison, datant de la fin du XIXe siècle, dégage cependant une atmosphère sinistre. C'est le chien qui s'en rend compte en premier, refusant obstinément d'y entrer. Après la mort mystérieuse de l'animal, des événements étranges commencent à se produire à l'intérieur de la maison : des bruits inquiétants, des présences inexpliquées, et Carolyn qui se réveille chaque matin avec un nouvel hématome sur le corps. Face à ces phénomènes, elle décide de faire appel au couple Warren, célèbres enquêteurs du paranormal, qui donnent des cours à l'université locale. Dès qu'elle met les pieds dans la maison des Perron, Lorraine Warren perçoit la présence d'une entité maléfique, qui semble s'être dangereusement attachée à Carolyn et menacer toute sa famille.
Parmi les genres les plus prolifiques de la tradition cinématographique d'horreur, celui des maisons hantées occupe une place de choix. Ce genre nous a offert au fil des ans de véritables chefs-d'œuvre et films cultes, tels que "La maison sur la falaise", "Les Innocents", "Les Autres" et "La maison des ombres", sans oublier le revival des années 70 avec "Amityville Horror", "La Maison du Diable" et "Ballade pour un tueur", ainsi que toutes les variantes et influences que ce genre peut englober. En y réfléchissant bien, les maisons hantées représentent l'un des motifs fondateurs de l'horreur, au cœur de nombreuses histoires de terreur qui, depuis l'Antiquité, ont effrayé petits et grands. Ce thème est d'autant plus terrifiant qu'il ne se contente pas d'explorer le paranormal, mais s'attaque à l'unique lieu où l'être humain peut véritablement se sentir en sécurité : son foyer, souvent acquis au prix de nombreuses années d'économies. Ainsi, le symbole de la sécurité, de l'invulnérabilité et de l'investissement économique devient, dans l'imaginaire horrifique, le sanctuaire de tous les maux.
C'est en s'appuyant sur cet imaginaire profondément ancré en chacun de nous, exploré et réinterprété dans des centaines d'histoires et de films, que James Wan, réalisateur de succès tels que "Saw" et "Insidious", décide de donner vie à son nouveau film, "L'Evocation – The Conjuring". À première vue, cette nouvelle œuvre de Wan peut sembler être un condensé de clichés du genre, mais en y regardant de plus près, on se rend compte que la grande force de ce film réside dans son ancrage intelligent dans un imaginaire bien enraciné chez tout amateur de films d'horreur.
"L'Evocation" commence exactement comme on pourrait s'y attendre d'un film sur une maison hantée : l'arrivée d'une famille dans une grande maison délabrée et isolée. À partir de là, Wan rassemble tous les clichés du genre et les enchaîne sur environ une heure, sans laisser de répit au spectateur. Plusieurs moments sont véritablement mémorables, notamment l'idée ingénieuse du jeu du "cache-cache" – qui donne lieu à quelques scènes de frissons bien construites – et la scène terrifiante de la présence derrière la porte, l'un des moments de peur les plus marquants du cinéma récent. Ensuite, vers la moitié du film, "L'Evocation" change de registre, comme Wan l'avait déjà fait avec "Insidious", et s'oriente vers le genre des films de possession, un peu comme dans "Amityville : La Maison du Diable". Au milieu de tout cela, on trouve également l'idée d'introduire une seconde famille, celle des Warren, des "chasseurs de fantômes" professionnels qui, d'abord seuls (avec un excellent prologue sur l'affaire de la poupée possédée), puis en collaboration avec les Perron, tenteront de libérer la maison hantée de son mal.
Ce que tout le monde ne sait pas, c'est que les Warren – tout comme les Perron – ont réellement existé (Lorraine Warren, encore vivante, a même été consultante pour le scénario), et que l'histoire racontée dans "L'Evocation" est l'un des cas les plus célèbres dont ils se sont occupés (à noter que les Warren ont également travaillé sur l'affaire d'Amityville et celle du Connecticut, qui a inspiré le film "The Haunting in Connecticut").
Pour donner vie aux personnages, on retrouve une pléiade d'excellents acteurs, menés par Vera Farmiga ("In the Air", "Joshua") et Lily Taylor ("Hantise", "The Addiction"), suivis de Patrick Wilson ("Insidious", "Watchmen") et Ron Livingston ("Hanté par ses ex"). Mais les points forts du film sont la photographie de John Leonetti et les musiques originales de Joseph Bishara, collaborateurs de longue date de Wan, ainsi que la réalisation elle-même, qui parvient toujours à créer l'atmosphère juste grâce au scénario des frères Hayes, véritable manuel de la peur.
Malgré son recours à des clichés faciles du genre "maisons hantées", "L'Evocation – The Conjuring" est un film riche en atmosphère et véritablement effrayant, un abécédaire de la peur sur grand écran qui fonctionne terriblement bien et maintient l'attention du spectateur sans relâche, malgré une durée de près de deux heures. La preuve qu'une histoire déjà racontée maintes fois peut, si elle est bien menée et réalisée avec soin, s'avérer terriblement efficace. Bravo, Wan !
Curiosité : le monstre qui hante la maison des Perron est interprété par le compositeur de la bande originale, Joseph Bishara, qui avait déjà incarné le démon au visage rouge dans "Insidious".