PF
Pietro Ferraro
•Le jeune Clark Stevens est engagé comme stagiaire à l'institut de santé mentale Cunningham Hall. Sa curiosité le mène à découvrir des événements étranges survenus dans l'institut ; cette découverte et les visions étranges et inquiétantes qui le tourmentent l'amènent à enquêter sur l'histoire tourmentée du lieu, aidé par une jeune bénévole, Sara. Pourquoi la thérapie utilisée par le directeur Franks n'a-t-elle pas d'effets curatifs sur les patients ? Qui est l'enfant qui erre la nuit dans les couloirs de l'hôpital ? Qui est vraiment le patient de la cellule 44 ? Les questions se multiplient, tout comme les meurtres qui déciment le personnel médical. La vérité se révèlera cachée dans les profondeurs du sous-sol, parmi les patients enterrés vivants, où la folie règne en maître et la réalité n'est qu'illusion pure. L'ambiance de "Madhouse" est franchement vue et revue, mais conserve tout son charme malgré l'abus qu'en a fait le cinéma. Ici, nous avons affaire à un film qui trouve sa place idéale dans le thriller, mais qui, pour certaines suggestions visuelles, contenus gores et références littéraires, subit une forte influence horrifique. Le réalisateur William Butler semble avoir un background cinématographique respectable, et nous ne parlons pas de ses travaux précédents, mais d'un bagage personnel riche en classiques du genre horrifique qu'il rend hommage de manière évidente, et peut-être excessive dans certains cas, dans ce film. Il faut se rappeler que la frontière entre citation et plagiat est mince, mais Butler maintient un équilibre enviable en nous offrant des scènes qui, pour les cinéphiles passionnés, deviennent une véritable chasse aux titres. Pour n'en citer que quelques-uns : "Halloween", "Nightmare", "Shining", "Opera"... et nous pourrions continuer longtemps. Ces films apparaissent sans pour autant dénaturer l'intrigue qui reste bien définie. La photographie suggestive transmet de manière excellente la sensation surréaliste de décalage dans laquelle se trouve le jeune Clark, catapulté dans un environnement où la folie et la réalité s'entrecroisent et où les patients et les médecins confondent les rôles et les personnalités. La phase purement investigative nous permet de recueillir des fragments de vérité jamais totalement révélateurs, mais qui nous accompagnent progressivement jusqu'à la vérité inconfortable et loin d'être rassurante. Mais n'est-ce pas ce que nous, spectateurs, cherchons dans des films de ce genre ? Le casting est un cran au-dessus par rapport à ces productions qui bénéficient d'un budget moyen-faible, le protagoniste, Clark, est interprété par Joshua Leonard ("The Blair Witch Project") tandis que la jeune Jordan Ladd ("Cabin Fever") incarne la fragile et énigmatique Sara. Une mention spéciale va à deux acteurs en particulier, Dendrie Taylor qui dessine le terrible et despotique infirmier Hendricks (encore une citation, cette fois un hommage à l'infirmière en chef Ratched du magnifique "Un vol au-dessus d'un nid de coucou" de Milos Forman) et le toujours appréciable Lance Henriksen dans le rôle du directeur Franks, ce dernier étant devenu, avec des acteurs comme Brad Dourif et Jeffrey Combs, une présence stable dans le paysage du cinéma fantastique. Parmi les pensionnaires du Cunningham Hall, il ne faut pas oublier les freaks qui habitent le sous-sol de l'institut, une sorte de cercle infernal où ils vivent en proie à une folie qui ne leur laisse aucun répit, dévastés et désespérés par des esprits irrémédiablement brisés par une folie irréparable. Comment ne pas apprécier la vision suggestive que le scénographe et le directeur de la photographie créent pour notre usage et consommation, nous transportant dans un environnement souterrain sombre et délabré qui, d'une part, nous dérange et, d'autre part, nous fascine. En tirant les conclusions, nous avons affaire à un excellent travail, solide, qui peut-être se perd un peu dans la fin en effilochant une intrigue jusqu'alors intrigante, mais c'est seulement un péché véniel. "Madhouse" est un film à voir, pour apprécier encore une fois des œuvres qui, si elles n'étaient pas redécouvertes en DVD, se perdraient, et ce serait vraiment dommage.