LE SIXIÈME SENS

Pendant les nuits de pleine lune, des meurtres étranges sont commis. Un tueur en série, auquel la presse attribuera bientôt le nom de Dente di Fata (Tom Noonan), s'amuse à massacrer des familles heureuses. Pour ce cas difficile, l'agent Will Graham (William Petersen), qui s'était retiré après un désagréable affrontement avec le cannibale docteur Leckter (Brian Cox), sera également sollicité. C'est pourtant de ce dernier, enfermé dans un hôpital psychiatrique, que l'agent cherchera de l'aide pour résoudre l'affaire. Le réalisateur, également scénariste avec Walon Green, réalise un film peu cru, dans la mesure où l'on ne voit jamais la violence explicite sur les victimes, mais aux atmosphères indéniablement sombres et surréalistes. Intrigante, par exemple, l'insolite histoire d'amour entre le tueur et la fille aveugle interprétée par Joan Allen. L'une des scènes entre les amoureux nous montrera, par exemple, elle buvant un verre et lui à ses côtés regardant morbidement les films de ses futures victimes. En général, dans ce film, les personnages sont fortement caractérisés, à commencer par Dente di Fata, sombre et mystérieux, Will, impatient de prendre le tueur mais effrayé en même temps vu les antécédents, et le docteur Leckter, criminel d'intelligence inimaginable qui se fond avec la folie cannibale. Tout le film entremêle le bien et le mal, les faisant passer même entre le bien fou et le mal fou. Le bien absolu étaient les familles heureuses vivant dans de belles petites maisons blanches et bien ordonnées, le mal absolu est Dente di Fata au visage sombre et avec une maison tout aussi sombre. Les deux personnages qui se trouvent au milieu sont l'agent Will Graham qui est du côté du bien mais qui n'est pas sans faute puisqu'il a tué un homme dans le passé, et le docteur Leckter, du côté du mal mais qui aide, si l'on peut dire, en partie à la résolution de l'affaire. Manhunter, réalisé avant le célèbre "Le Silence des Agneaux", nous offre la première apparition du docteur Leckter. Vraiment dommage que cette figure ait eu un si petit rôle dans toute l'histoire. Ce petit rôle restera pourtant dans l'esprit, en effet dans le film suivant qui le verra en scène, son personnage sera nettement élevé en importance et en style, donnant à "Le Silence des Agneaux" une touche de beauté et de folie en plus par rapport à Manhunter. De plus, le rôle interprété par Cox sera repris par Hopkins qui le revêt élégamment et de manière sûrement plus appropriée, au point que Hopkins deviendra le visage par excellence du docteur. Il est obligatoire de comparer avec "Red Dragon", préquel de "Le Silence des Agneaux" et "Hannibal", et également remake de Manhunter. Les deux se ressemblent beaucoup en ce qui concerne l'intrigue, à l'exception de quelques séquences dans certaines scènes et de la fin, que j'ai personnellement trouvée plus belle dans Manhunter. En effet, les dernières séquences, même si un peu prévisibles, sont plus impressionnantes grâce à l'atmosphère qu'elles créent, par rapport à celles de "Red Dragon" centrées surtout sur l'action. Il faut toutefois souligner que le film de 1986 est nettement plus lent que "Red Dragon", donc pour certains, il pourrait perdre un peu de valeur vu les habitudes cinématographiques américaines des dernières années. Tiré de "I delitti della luna rossa" de Thomas Harris et accompagné magnifiquement par les musiques de The Reds, ce thriller a donné le coup d'envoi à une saga fantastique et pour cela seulement, il mérite d'être noté. Recommandé.