RG
Roberto Giacomelli
•Marvin est un garçon survivant du mal de Strikler, une maladie causée par les cafards qui a éclaté parmi les enfants new-yorkais au milieu des années 1990 ; une maladie ensuite éradiquée grâce à l'intervention des Judas, une race de cafards créés en laboratoire capables de tuer les insectes porteurs sains et de créer un antidote. Comme on le sait, le projet Judas, bien qu'il ait été un succès pour éradiquer la maladie, fut une expérience ratée car il donna naissance à une race de cafards géants féroces capables d'imiter l'apparence humaine. Marvin est hypersensible et donc condamné à passer de longues journées dans l'environnement aseptique de sa petite chambre, d'où il observe et photographie en continu tout ce qui se passe dans la rue et dans l'immeuble d'en face. Mais un jour, il assiste par hasard à un meurtre, dont l'auteur semble avoir très peu d'humain…
La saga débutée il y a dix ans par Guillermo Del Toro avec l'excellent "Mimic" est désormais arrivée à son troisième chapitre ; après être passés par un médiocre deuxième film, plutôt carencé en termes d'originalité, nous nous retrouvons avec ce "Mimic 3 – Sentinel", qui non seulement est bien supérieur au précédent chapitre, mais s'élève vigoureusement bien au-dessus de la plupart des productions pour le seul marché de l'home vidéo, circuit auquel ce film appartient. En effet, nous n'aurions pas pu nous attendre à grand-chose d'un n°3 d'une saga qui semblait avoir déjà tout dit avec le premier chapitre, et encore moins si l'on prenait en considération la distribution à domicile à laquelle le film était destiné ; pourtant, "Mimic 3" apparaît comme un produit valable sous tous les aspects ! On part d'une idée plutôt originale pour le genre fantasy-horreur, c'est-à-dire centrer toute l'histoire sur le personnage perturbé de Marvin et montrer tout cela à travers l'objectif de son appareil photo, cachant pour la plupart du film ce qui se passe au-delà de sa portée visuelle ; donc pas de cafards géants pour la majeure partie de la durée du film, mais seulement leur présence mortelle qui agit hors champ sur le sort des habitants du quartier ignorants de l'horreur qui se déplace sous leurs pieds. L'action se concentre efficacement sur les vingt dernières minutes, où les Judas entrent en action, bien visibles pour le spectateur dans toute leur inquiétante physionomie, et offrent également aux fans de l'horreur quelques scènes bien chargées de gore.
En se concentrant donc sur l'aspect psychologique de l'histoire, on a aussi le temps d'un bon approfondissement des personnages principaux : Marvin apparaît comme un inadapté, contraint de vivre en isolement et donc de se construire un petit monde à l'intérieur de sa chambre, grâce à son hobby pour la photographie qui lui permet de reconstruire tout le quartier sur le mur de sa chambre, chaque appartement, accompagné de fiches et d'approfondissements sur les locataires respectifs. Un classique voyeur qui, n'ayant pas de vie sociale, cherche à s'approprier celle des autres ; jusqu'à ce qu'un événement tragique, dont il est involontairement témoin, le transforme en un nouveau James Stewart, contraint d'affronter une menace non humaine grâce à laquelle, ironiquement, il avait survécu à sa maladie.
Le réalisateur J.T. Petty, avec peu de films à son actif et une bonne expérience dans le monde des jeux vidéo, parvient à donner une touche de personnalité au film, grâce surtout à l'utilisation de plans recherchés qui exploitent l'effet objectif, peut-être un peu trop abusé. La photographie d'Alexandru Sterian contribue ensuite à donner à l'ensemble un bon effet de décalage et de rarefaction grâce à l'alternance de clair-obscur. Le casting est composé de deux vétérans comme Lance Henriksen ("Aliens - Le retour"; "Alien vs. Predator") et Amanda Plummer ("Pulp Fiction"), qui servent de soutien aux jeunes Karl Geary ("Hamlet 2000") et Alexis Dziena ("Broken Flowers" et la série "Invasion").
Un peu trop courte la durée (on atteint à peine une heure et dix minutes de film), surtout si on la rapporte au contenu de l'histoire, mais dans l'ensemble "Mimic 3 – Sentinel" est un bon sequel qui s'élève fièrement bien au-dessus des standards d'un produit pour l'home vidéo.