RG
Roberto Giacomelli
•À une époque où les hommes craignaient la colère des Dieux, sur une petite île perdue dans la mer Égée, les habitants d'un village de bergers vivent dans la terreur, car tous les cinq mois, huit jeunes sont emmenés et conduits au palais du roi, où ils sont donnés en pâture au Minotaure, une bête d'origine divine tenue dans un labyrinthe sous le palais royal. Le moment du sacrifice est à nouveau arrivé et le jeune Theo, fils du chef du village et donc immunisé contre le sacrifice, s'infiltre dans le groupe des futures victimes dans l'espoir de retrouver vivante la femme qu'il aime, jetée dans le labyrinthe des mois auparavant.
Les mythes de l'ancienne Grèce étaient souvent peuplés de monstres, d'effusions de sang, de violences innommables et de créatures cruelles, tout matériau auquel le monde de l'horreur pourrait tranquillement puiser sans faire regretter au spectateur les différents tueurs en série et les fantômes orientaux. C'est ce qu'ont dû penser aussi les garnements de Lions Gate qui ont décidé de distribuer "Minotaur", un divertissant et original film d'horreur qui s'inspire de l'ancien mythe de Thésée et du Minotaure pour donner vie à un film inhabituel et assez réussi.
Avec de nombreuses libertés narratives (Thésée devient Theo ; il n'y a pas Ariane et son proverbial fil ; aucune mention de Minos), Jonathan English (qui n'est pas le nom d'un personnage de film comique !) a donné vie à un digne action-horreur qui fait de son originalité la source narrative, menant l'histoire avec la structure classique de "Alien" où les humains sont décimés un par un par une créature monstrueuse. Cela permet à une histoire inhabituelle pour un film d'horreur de s'adapter parfaitement aux besoins du genre, en misant beaucoup sur le sentiment de claustrophobie donné par les tunnels du labyrinthe souterrain et sur l'attente des différentes attaques de la créature. Malheureusement, cela fait que la partie centrale du film est légèrement répétitive ; un défaut qui ne nuit toutefois pas excessivement à l'attention du spectateur et au succès général du film.
Malgré le fait que pour la réalisation de "Minotaur" il n'y avait pas des millions de dollars dont Petersen a bénéficié pour "Troy", le résultat n'a pas du tout souffert du faible budget, au contraire, on a habilement choisi de ne pas ostenter une magnificence de la construction scénographique en situant le film davantage dans des lieux fermés (le palais royal et le labyrinthe) et en conservant ainsi le gros du budget pour la réalisation des effets spéciaux. Le Minotaure est abondamment montré à partir de la deuxième partie du film et sa réalisation est de très bon niveau : dans certains cas, la créature est créée avec une infographie parfaitement intégrée à l'environnement environnant, dans d'autres, c'est un bon pantin mécanique. Le département gore, bien qu'il ne concède pas d'excès splatter, est assez substantiel, faisant ainsi plaisir aussi au spectateur assoiffé de sang.
Le casting est composé principalement d'acteurs peu connus, à l'exception de deux vieilles gloires du cinéma de genre : Rutger Hauer ("Blade Runner" ; "The Hitcher"), dans le rôle du père de Theo et Tony Todd ("Candyman" ; "La nuit des morts-vivants"), dans le rôle du perfide souverain.
Les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur de la situation et il arrive souvent que les protagonistes disent des choses qui font sourire lorsqu'elles sont prononcées par de jeunes bergers de l'âge du fer, mais tout cela n'affecte pas le divertissement que le film peut offrir et la fraîcheur (malgré les siècles) du sujet. Un film agréable qui aurait tranquillement pu bénéficier d'une distribution en salle.