Život i smrt porno bande backdrop
Život i smrt porno bande poster

ŽIVOT I SMRT PORNO BANDE

2009 RS HMDB
septembre 16, 2009

Réalisateurs

Mladen Đorđević

Distribution

Mihajlo Jovanović, Ana Aćimović, Predrag Damnjanović, Radivoj Knežević, Srboljub Milin, Nataša Miljuš, Bojan Zogović, Ivan Đorđević, Srđan Jovanović, Aleksandar Gligorić
Avventura Dramma Horror Commedia Thriller Romance

CRITIQUES (1)

CR

Cristina Russo

Marko est un jeune réalisateur, plein d'aspirations et d'une grande passion pour l'art. Après s'être heurté à la cruelle réalité du marché cinématographique serbe, il se retrouve à tourner des films pornographiques de très basse qualité. Fatigué et submergé par l'échec, il monte une compagnie peuplée de personnages ambigus, avec qui il part en tournée pour jouer du "porno-théâtre". Les choses commenceront à se compliquer lorsque les nôtres, écrasés par les désastreuses conditions économiques, accepteront de filmer des snuff movies. Le cinéma serbe ne cesse de produire des œuvres controversées capables de diviser net le public mais aussi de susciter une réaction commune aux détracteurs et aux admirateurs : le choc. Si Spasojevic avait atteint cet objectif en 2010 avec "A Serbian Film", "The Life and Death of a Porno Gang" n'est pas moins efficace, un film inconnu des plus et jamais édité en Italie. Les deux films ont en commun l'intention de montrer, de manière métaphorique et de la manière la plus cruelle possible, les horreurs et le malaise d'un peuple mis à genoux par la difficile situation politique et sociale causée par la guerre. "A Serbian Film", très soigné dans la production, fait du combo sexe/sang son cœur, dans un contexte fou et violent qui ne sacrifie jamais la partie narrative, pleine de significations malheureusement mal comprises par un public souvent inadapté et non préparé à ce type de vision ; "The Life and Death of a Porno Gang" se révèle être un film plus complexe, qui mélange habilement drame et horreur, avec une prédominance de la partie tragique qui touche chaque personnage. En effet, nous ne sommes pas face à un produit d'horreur au sens strict du terme : l'horreur à laquelle nous assistons est plus psychologique et, peut-être, plus difficile à digérer. Autour du protagoniste Marko, qui lutte obstinément contre son échec professionnel, gravitent les membres de la compagnie du "porno théâtre" : deux homosexuels séropositifs, deux héroïnomanes avec un enfant, un transsexuel, une actrice ratée et un modèle cocaïnomane. La bande, représentée dans un style pseudo-hippie triste, est unie par le sentiment de revanche contre la société, la même société qui les a marginalisés et les a condamnés à une vie vide et misérable. De là naît l'idée de donner vie à un nouveau projet, quelque chose qui puisse marquer une sorte de renaissance artistique et personnelle : le groupe se produira dans des spectacles porno en direct, se déplaçant dans les différents pays de la Serbie avec un fourgon voyante, et vivant au jour le jour. La sordidité et le malaise sont forts et palpables : à commencer par le vécu de chaque personnage, jusqu'aux humiliations qu'ils subiront de la part de certains villageois qui, après avoir profité du spectacle, penseront bien à s'acharner lourdement en frappant les nôtres non seulement dans le corps mais aussi dans la dignité désormais perdue, une métaphore qui laisse vraiment peu de place à l'imagination. Le tournant arrivera lorsqu'un certain individu proposera à Marko de tourner des snuff movies en échange de sommes d'argent importantes. Compte tenu de la situation économique problématique, Marko acceptera la proposition, commençant ainsi un parcours vers l'enfer. C'est dans la deuxième partie du film que nous assistons aux scènes les plus crues et violentes : les tortionnaires sont les mêmes membres de la bande tandis que les "acteurs" appartiennent à des gens ordinaires qui se portent volontaires, certains pour expier un sentiment de culpabilité, d'autres pour aider leur famille en difficulté, et ainsi de suite. Les meurtres, filmés par le cynique et exalté (au moins en apparence) Marko, sont sanglants et absolument non censurés : aucun détail ne nous est épargné et, grâce également à l'excellente performance des acteurs et aux lieux marécageux et sales, le tout bénéficie d'une touche de réalisme tragique et dégoûtant en même temps. Si d'une part les nôtres seront contraints par les circonstances à céder au compromis, d'autre part, peu à peu, ils commenceront à ressentir le poids et la gravité de la nouvelle entreprise ; l'enthousiasme se transformera en défaite et la seule voie praticable sera, une fois de plus, l'abandon. Aigre-doux et approprié l'épilogue ; les symbolismes se multiplient et il ne faut pas se forcer trop pour lire entre les lignes. La réalisation, souvent ternie par des prises de vue tremblantes et une photographie loin d'être patinée, n'altère pas le résultat final, et, comme déjà dit, le casting se révèle à la hauteur de l'épreuve. Le message du réalisateur est fort et clair ; les références politiques, sociales et culturelles sur lesquelles l'histoire est construite sont si directes qu'elles confèrent au film une lourdeur qui dérange et choque le spectateur. Une œuvre certainement importante, de difficile assimilation, extrême dans la forme comme dans le contenu. Je conseille sa vision mais pas si vous voulez passer une soirée insouciante et amusante.