RG
Roberto Giacomelli
•Le tueur en série Max Seed est capturé et condamné à la peine capitale, mais la chaise électrique ne suffit pas à le tuer, donc le propriétaire de la prison, en accord avec le médecin et l'agent de police qui l'a capturé, décide de falsifier des documents et d'enterrer Seed vivant. Mais l'assassin parvient à sortir de sa tombe et se dirige pour se venger de ceux qui voulaient le tuer.
L'infatigable Uwe Boll (de 2 à 4 films par an) met de côté les jeux vidéo et décide de se lancer dans une œuvre entièrement sienne, avec l'intention de surfer sur la vague des films de torture en vogue à cette époque. Pour ce faire, Boll s'inspire d'une légende urbaine (présentée comme vraie au moment de la sortie du film) selon laquelle si un condamné à mort (chaise électrique) survit à trois décharges électriques, il doit être libéré. Et c'est ce qui arrive au tueur en série Max Seed, que les journaux dans les scènes de raccord nous informent être l'auteur de 666 meurtres en 6 ans, un homme aux cheveux longs et gras et un masque sale sur le visage pour cacher ses traits défigurés (interprété par Will Sanderson) qui devient peu à peu le protagoniste d'une vengeance sanglante. Et jusqu'ici, direz-vous, nous sommes dans la routine : l'intrigue est mince comme la patte d'un grillon, les banalités sont présentes mais n'impliquent pas nécessairement l'échec du film, le personnage est un plagiat effronté de Leatherface vu dans les "Non ouvrez pas cette porte" plus récents.
Le vrai problème survient lorsque nous constatons que malgré le fait que beaucoup aient affirmé que cette fois-ci Boll a réalisé son meilleur film, cela ne signifie pas que Boll ait réalisé un beau film ! Les standards du réalisateur allemand sont si bas qu'il est relativement facile de faire mieux que ce qu'il a fait jusqu'à présent. Je ne suis pas parmi ceux qui s'amusent à jeter de la boue sur Boll, au contraire, je lui ai reconnu une certaine "croissance" dans la réalisation de "Bloodrayne" (qui reste néanmoins un film médiocre), mais il est indéniable que ses films sont des désastres techniques et narratifs ; Boll n'est certainement pas le pire réalisateur vivant, comme certains tiennent à le rappeler ponctuellement, mais il a désormais souscrit un abonnement à outrance pour une place dans le limbe des incompétents sympathiques, qui, malgré la conscience de leurs limites, continuent imperturbablement à se tromper, probablement poussés par la passion pour le métier et le gain désormais assuré. Et ce "Seed" ne fonctionne absolument pas dans sa structure, dans son emballage, dans les détails.
Commençons par dire que le film bénéficie d'une construction narrative particulièrement bâclée qui, dans la première demi-heure abondante, est difficile à reconstruire sous un aspect purement chronologique (assistons-nous à des flashbacks ? Des flashforwards ? Un déroulement en temps réel ? Boh !). Ensuite, on remarque immédiatement que le film n'a pas grand-chose à raconter et ce peu est raconté particulièrement mal, vu que le continuum temporel est géré très mal et les fréquentes ellipses de la deuxième partie ne parviennent vraiment pas à faire comprendre au spectateur le passage du temps dans l'histoire (confié de temps en temps aux titres des journaux qui servent de scènes de raccord). L'absence effrayante de contenus et d'arguments dont le film manque est masquée par une utilisation sensationnaliste de la violence, parfois même excessivement gratuite, qui va des tortures infligées aux femmes, aux personnes âgées, aux enfants et aux animaux, ces derniers étant également les protagonistes d'une vidéo (réelle, prise par le réalisateur dans les archives de PETA) qui ouvre le film et anticipe largement quelle est la vraie et unique corde que "Seed" veut toucher. À ce propos, il faut néanmoins reconnaître au film en question de contenir une scène (malheureusement mal insérée dans la narration elle-même) parmi les plus incroyablement sadiques apparues ces derniers temps, qui montre une vieille dame dont le crâne est fracassé à coups de marteau ; une scène très longue montrée en temps réel et avec l'aide d'effets numériques qui, bien que trop évidents, ne gâchent néanmoins pas le grand impact de la séquence.
À l'exception de la scène susmentionnée, qui montre une certaine inventivité de la part du réalisateur, "Seed" se révèle également très mal dirigé. Une grande partie du film est tournée avec une caméra à la main et on ne comprend pas pourquoi ; probablement Boll voulait donner un aspect réaliste à l'histoire, une sorte de "Real TV" à thème tueur en série, mais cet usage de la prise de vue apparaît excessif et gratuit car, outre le fait d'être mal utilisé (parfois la caméra tremble pendant que les personnages parlent laissant même hors champ le visage se terminant par un cadre du cou, par exemple), il est également utilisé dans des situations où vraiment ce n'est pas nécessaire : je peux comprendre une scène d'action, mais quand le protagoniste est à la maison avec sa famille ou discute avec ses collègues au bureau, qu'est-ce que ça a à voir ? Il en va de même pour la photographie de Mathias Neumann, appréciable par endroits pour ses tons sépia, mais souvent inutilement et excessivement sombre.
Dernier élément d'un puzzle essentiellement informe est le nombre beaucoup trop excessif de naïvetés que le film contient, qui défient vraiment la suspension de l'incrédulité du spectateur. Parmi les nombreuses "facilités" présentes, il faut absolument citer l'irruption de Seed ressuscité dans la prison de haute sécurité, effectuée avec une telle facilité qu'on pourrait croire qu'il n'y avait même pas de garde, et sa fuite de la même prison qui est située sur une île d'où le tueur s'en va, évidemment, à la nage ! Eh, sainte patience.
En somme, confier un film exclusivement à la crudité de certaines images et ne pas se soucier du tout du reste est synonyme de "inexistence" du film lui-même, une vision inutile et pas du tout intéressante, incapable de divertir et de laisser au spectateur le moindre contenu.