RG
Roberto Giacomelli
•Joey est une jeune femme amoureuse d'un homme qui ne semble pas partager ses sentiments. Un soir, après une énième déception, Joey tente de se suicider, mais est emmenée à l'hôpital et sauvée à temps. À partir de ce jour, elle commence à avoir des visions étranges et semble hantée par une femme aux longs cheveux noirs et une robe grise. Bientôt, elle découvrira aussi qu'elle est enceinte. Déconcertée par les apparitions de plus en plus fréquentes, Joey décide de se confier à un moine bouddhiste qui lui racontera une ancienne croyance selon laquelle une personne qui s'approche de la mort ou qui va donner une nouvelle vie au monde peut facilement entrer en contact avec l'au-delà; il lui révèle également que les âmes des morts tentent souvent de se réincarner dans les nouveau-nés. Joey comprend donc que la femme qui la hante est un esprit intéressé par son fils, et elle devra être prête à tout pour l'éloigner de son ventre…
William Castle nous a appris qu'il suffit d'une campagne publicitaire particulièrement bien conçue et capable d'intriguer le public, pour garantir le succès commercial d'un film (et à l'époque où il travaillait, cette formule était infaillible). Il semble que cette tendance soit récemment revenue à la mode, donc "The Eye 2" ne fait pas exception, affichant sur l'affiche et dans la publicité télévisée un avertissement qui déconseille en gros caractères la vision du film aux personnes au cœur faible et aux femmes enceintes…
Parce que ce qui est interdit attire ! Dommage que dans ce cas, il ne s'agisse que de fumée aux yeux, car "The Eye 2" se révèle être l'un des films les plus inoffensifs et prévisibles importés d'Extrême-Orient.
En 2002, les frères Pang avaient réussi à créer avec "The Eye" un film subtilement inquiétant, bien qu'aucunement original, qui réussissait à maintenir le spectateur en haleine grâce à des apparitions de fantômes savamment chorégraphiées et riches en pathos. On s'attendait donc à ce que ce suite (qui n'a aucun lien narratif avec le film précédent) répète la formule, sinon l'améliore (on sait comment fonctionnent les suites des films d'horreur : plus de sang, plus de suspense et plus de frissons que celui précédent), mais ce ne fut pas le cas. Les apparitions des fantômes sont nombreuses, mais ne réussissent pas à transmettre la moindre tension car elles se résolvent par des bruits soudains qui prétendent effrayer le spectateur, mais échouent car hautement prévisibles (à l'exception de la séquence excellente à l'arrêt de bus… à voir pour le croire !). À certains moments, on frôle même involontairement le ridicule, comme dans les séquences des fantômes flottants ou dans le final exagéré sur la terrasse de l'hôpital. Le tout est en outre accompagné d'une histoire d'amour écœurante avec des rebondissements de soap opera qui aurait pu être évitée, ainsi que d'un arrière-goût moralisateur fastidieux qui accompagne la dernière demi-heure du film.
En définitive, "The Eye 2" peut décevoir, même si, outre les aspects négatifs, il présente des qualités appréciables : les frères Pang démontrent savoir bien diriger le film, en soignant un montage rapide qui réussit à maintenir l'attention du spectateur sur une intrigue assez lente en soi ; de plus, la photographie, tout comme dans le premier épisode, est très soignée et tend vers des couleurs opaques et nébuleuses, qui reproduisent bien l'idée de surnaturel qui plane dans le film. Un compliment aussi à la protagoniste, interprétée par Qi Shu, qui réussit à construire un personnage complexe en équilibre entre l'hystérie et la compassion.
En conclusion, "The Eye 2" se révèle être une grande occasion gâchée : un film qui aurait pu se faire remarquer surtout grâce à une histoire fascinante et originale (mais ceux qui ont vu "Nightmare 5" noteront des similitudes..), échoue pourtant à cause de l'absence totale de suspense et de l'absence des caractéristiques qui ont rendu le cinéma oriental célèbre dans le monde entier.
On travaille aussi à un troisième chapitre.