LA DAME EN NOIR

Le jeune avocat londonien Arthur Kipps est envoyé dans le village de Crythin Gifford pour régler certaines affaires juridiques concernant la vente de la maison Eal Marsh, dont la propriétaire est récemment décédée sans laisser d'héritiers. Il y a beaucoup de rumeurs dans le village concernant la maison Eal Marsh, des superstitions concernant son ancienne propriétaire qui, vêtue de noir, reviendrait de l'au-delà pour emmener avec elle les enfants du village. Arthur, lors de sa première exploration de la villa, voit effectivement une figure vêtue de noir et le même jour, une petite fille meurt. À partir de ce moment, le jeune homme décide d'enquêter sur le passé de la « dame en noir », découvrant des faits tragiques concernant sa famille et son fils. La Hammer Film Production est de retour mais boite un peu. La sensation principale est que la célèbre maison de production britannique veuille suivre les tendances, donc elle a commencé avec un remake d'un film récent (le bon « Blood Story » dérivé de « Let Me In ») et un thriller condominial – « The Resident » – qui s'est avéré être une occasion gâchée. Maintenant, la Hammer relance avec une histoire de fantômes gothique qui est un clair effort pour ramener le spectateur aux suggestions des glorieux films hammeriens des années 60. Quelque chose a dû mal se passer et « The Woman in Black » est encore une fois une occasion manquée car il y a une différence entre faire un film inspiré de vieux produits et faire un film qui semble être un produit vieux. Le point de départ de « The Woman in Black » est le roman éponyme de Susan Hill, qui était déjà devenu un film en 1989 pour un produit télévisé anglais dirigé par Herbert Wise. Cette fois, c'est James Watkins qui est aux commandes, connu dans le paysage horrifique pour la réalisation de « Eden Lake » et pour avoir écrit les scénarios de « My Little Eye » et « The Descent: Part 2 »… un « fort », donc, qui ici n'est qu'un simple exécutant d'un travail sur commande bien conçu mais pâle et extrêmement oubliable. « The Woman in Black » est un réceptacle de déjà-vu : tout le cinéma de fantômes des 50 dernières années est compressé dans ce film et à la fin, en plus de se retrouver face à un produit qui a un goût de déjà-vu à chaque coupure de plan, on a la sensation désagréable d'anticiper largement chaque événement et rebondissement narratif. Mais le mystère est vite révélé : dans le dossier de presse du film, on peut lire une déclaration du producteur Richard Jackson selon laquelle leur intention n'était pas de faire un film pour le public habituel des films d'horreur, mais de viser un public beaucoup plus large qui inclurait également ceux qui ne regardent généralement pas les films d'horreur. Il est donc clair que le spectateur occasionnel de ce genre de film se trouvera face à une relative nouveauté, ou en tout cas un film qui réussira à le capturer et à le surprendre, tandis que ceux qui sont habitués à ce genre d'histoires se trouveront à bâiller de la prévisibilité des choix narratifs et stylistiques. Et cela explique beaucoup de choses, du moment de « The Ring » (l'un des films d'horreur les plus vus ces dernières années même par le public non horrifique), au finale en partie réconfortant, jusqu'au choix de Daniel Radcliffe dans le rôle du protagoniste. Et parlons justement de ce choix de casting qui, selon l'avis de celui qui écrit, est fortement discutable. Radcliffe, qui - pour ceux qui se le demanderaient - est Harry Potter, est très bon, attentif, diligent, impliqué, parfaitement dans le personnage et capable de porter un film de près de deux heures entièrement sur ses propres épaules… mais il y a un problème : Harry Pott… c'est-à-dire, Daniel Radcliffe avait 21 ans lorsqu'il a tourné le film et cela se remarque beaucoup. Ok une légère barbe négligée et des vêtements formels, ok que le film se déroule au début des années 1890 et qu'à l'époque on devenait vite adulte, mais Radcliffe n'est pas crédible dans le rôle d'un avocat, veuf et avec un fils de 4 ans à charge ! Cependant, à lire cette critique, « The Woman in Black » semblerait presque être un film désastreux. Bien sûr, ce n'est pas le cas, car il a quand même ses bons moments et la longue partie centrale où Arthur Kipps passe la nuit dans la maison Eal Marsh est un petit manuel de tension cinématographique, des choses d'un autre temps vraiment. Ensuite, le film a quand même une apparence riche et appétissante, avec de belles musiques sombres et des décors parfaits pour un film de ce genre (la vieille demeure vue de l'extérieur fait vraiment peur !). Voici, la réprimande va à tout ce qui se trouve à l'intérieur, à ce manque d'engagement, à cette continuelle répétition de choses vues sous toutes les sauces avec une extrême et effrontée nonchalance. Le personnage de la « dame en noir », en outre, qui sur le papier avait le potentiel pour devenir une belle icône du cinéma d'horreur, est trop peu mis en avant dans ce film… il est évident que la scénariste Jane Goldman se souciait peu de créer une icône effrayante, mais l'attention était entièrement portée sur le drame d'Arthur, mais cela confirme encore une fois que « The Woman in Black » est un film d'horreur pas pour le public des films d'horreur. Allons, Hammer, ce sera pour la prochaine.