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Cristina Russo
•Dans un hôpital mis à genoux par le manque de médicaments et de personnel, le chaos règne en maître. Un patient gravement malade meurt à cause de la négligence de l'un des rares médecins restants dans la structure. Pour éviter des problèmes judiciaires, les responsables de l'incident décident de dissimuler l'accident, en attendant une meilleure solution. Comme si cela ne suffisait pas, une civière est abandonnée dans le hall des urgences : elle transporte un patient atteint d'une maladie virale mystérieuse, qui provoque la dissolution des organes et des tissus. L'infection commencera à se propager et ce sera le début d'un cauchemar.
Il s'appelle "J Horror Theatre" l'anthologie produite par Taka Ichise, qui a eu la bonne idée de regrouper six œuvres nées de certains des réalisateurs japonais d'horreur les plus talentueux dans un seul projet qui comprend, outre "Infection", les films suivants : "Prémonition", "Réincarnation", "Rétribution", "Kaidan" et "Kyôfu". À ouvrir les festivités est justement "Infection" ("Kansen" est le titre original), un film hospitalier aux fortes teintes weird qui réussit dans l'intention de se démarquer du cliché typique des horreurs japonaises "Fantôme aux longs cheveux noirs assoiffé de vengeance". Ce qui frappe immédiatement est l'ambiance folle et étrange : le seul décor du film est en effet un hôpital nu et délabré, peuplé de patients bizarres qui errent dans les couloirs comme des spectres. Le film est construit sur une base narrative tortueuse et complexe et l'histoire prendra un tournant sinistre et inexplicable après la mort d'un patient complètement brûlé et mystérieusement tombé du lit. Le vrai cauchemar, cependant, est annoncé par une civière laissée par l'ambulance dans le hall des urgences, qui transporte un individu dont le corps se liquéfie littéralement en une bouillie visqueuse verte. Horrifiés, les médecins sont convaincus par un collègue d'accepter le malade et d'analyser le cas. Contrevenir à l'éthique professionnelle pour son propre intérêt, provoquant et dissimulant le décès d'un patient, aura des répercussions inimaginables sur un médecin, et les remords commenceront à le dévorer de l'intérieur, exactement comme le virus mystérieux.
Digne de mention est la performance des acteurs ainsi que la caractérisation des personnages, fondamentale pour le développement de l'histoire : le médecin cynique, l'infirmière débutante, la chef de salle honnête, la vieille patiente folle qui parle aux miroirs et ainsi de suite.
Dans une atmosphère surréaliste et claustrophobique, la maladie commence d'une certaine manière à se propager, s'insinuant dans l'esprit des présents et altérant irréversiblement leur état psycho-physique : ne répondant plus de leurs actions, les "infectés" commencent à commettre des actes de violence contre eux-mêmes et contre les autres. Mais le spectacle macabre auquel assistent les survivants est-il réel ou est-il le fruit d'une hallucination ? En effet, plusieurs événements cryptiques et apparemment incompréhensibles nous font souvent douter, mais malgré le marasme général et les nombreuses questions, le film se déroule agréablement et réussit à captiver pleinement l'attention du spectateur, de plus en plus impliqué dans le tourbillon de chaos et de délire.
Bien réalisées aussi les scènes les plus sanglantes où, évidemment, la couleur dominante n'est pas le rouge mais le vert. Dans un crescendo de folie à l'état pur, entre les blobs verts et les pseudo-fantômes fous, on arrive à l'épilogue inattendu qui nous offre une clé de lecture exhaustive et bouleversante, sans pour autant dénouer complètement les nœuds.
Un mélange parfaitement réalisé entre ghost story et horreur hospitalière à la "The Kingdom", où le point central est un seul : l'esprit humain et ses mystères, l'effet des remords sur la santé mentale, la difficulté de traiter un malade en phase terminale et la conscience d'un choix qui ne sera pas le bon pour tous. Un film absolument recommandé aux amateurs du weird aux yeux en amande mais aussi à ceux qui ont envie de se délecter d'un spectacle made in Japan un peu différent de la norme.