RG
Roberto Giacomelli
•Un homme rentre chez lui après une journée de travail et remarque un comportement très étrange chez sa femme. La femme s'évanouit, vomit et marmonne des phrases sans sens apparent. Les deux se préparent à aller dormir, mais une présence inquiétante hante leur domicile et l'esprit de la femme.
À sa troisième tentative dans le monde du cinéma indépendant, l'ancien musicien Stefano Visintin réalise un court métrage qui tente de poursuivre une analyse personnelle de la dimension mentale de l'être humain, créant un film d'horreur chargé d'atmosphères oniriques d'un intérêt certain.
Après les courts métrages "Vittima del desiderio umano" et "Dimensioni", le réalisateur nous offre "Tutto muore", un petit apologue sur la mort et les sombres secrets d'un couple qui semble vivre dans un limbe suspendu entre la vie quotidienne et la "non-vie" spectrale que la même quotidienneté engendre.
Dès les titres de tête originaux, où les noms des acteurs sont inscrits sur des pierres tombales, y compris les dates de naissance et de mort, on peut remarquer un intérêt macabre pour le thème décadent abordé : la mort. Avec une sorte de flash-forward inhabituel, nous sommes introduits au fragment oppressant de la vie de la protagoniste, une femme dont nous savons très peu et qui semble souffrir à cause de visions inquiétantes qui se matérialisent à travers une figure féminine inquiétante vêtue de noir.
Fantômes mentaux ou réels, actions tragiques ou libératrices, vivants mourants ou morts vivants, tout est laissé à l'interprétation du spectateur, libre de lire dans ces dix minutes de visions des malaises existentiels ou une histoire de fantômes plus classique.
La grande liberté de lecture laissée sur l'ensemble de l'œuvre pourrait cependant causer un effet boomerang. C'est une tendance peut-être trop fréquente dans la récente production indépendante italienne de puiser à pleines mains dans le surréalisme lynchien pour raconter des histoires qui semblent excessivement cryptiques, donnant ainsi l'impression que la préoccupation mineure pour l'auteur est de "raconter" une histoire, pour infuser sur l'ensemble du travail cette aura de facilité artistique. Sacrifier le divertissement et la clarté de l'exposition pour paver la voie menant aux divers festivals à thème est pourtant incorrect pour le spectateur qui tombe sur ces œuvres, qui pourrait se sentir comme un intrus à une fête où il ne connaît personne.
Au-delà d'un excès d'abstraction au niveau narratif, "Tutto muore" apparaît indéniablement comme une œuvre bien faite. La réalisation de Visintin est très soignée et capable de créer une excellente atmosphère d'inquiétante rareté, soutenue par un bon usage des lumières et un montage suggestif. Les scènes de suspense semblent également bien orchestrées, probablement en faisant un clin d'œil aux modernes ghost stories asiatiques.
Comme trop souvent dans les productions indépendantes, les interprètes ne donnent pas une performance particulièrement brillante, mais dans ce cas, nous ne sommes pas non plus à des niveaux excessivement amateurs.
Ainsi, "Tutto muore" apparaît comme une œuvre intéressante, tout comme le talent qui se cache derrière le projet est certainement intéressant. Une plus grande "fraisheur" dans la narration aurait cependant été bénéfique au bon résultat global.