RG
Roberto Giacomelli
•Alessandro et Béatrice sont un très jeune couple qui emménage dans une nouvelle maison près d'Ischia. Dès la première nuit, Béatrice commence à faire des cauchemars terribles dans lesquels elle voit des cadavres et des rivières de sang. La situation de la jeune fille empire de jour en jour et la stabilité mentale d'Alessandro commence également à vaciller. Tout cela semblerait lié à la maison et au sombre passé de son précédent locataire...
Contrairement à beaucoup de ses collègues qui préfèrent se lancer dans des courts métrages, le très jeune Salvatore R. Di Costanzo fait ses débuts dans l'audiovisuel directement avec un long métrage, "La prison obscure".
Di Costanzo s'inspire clairement des grands classiques tels que "Amityville Horror" et "Shining", et construit ainsi un thriller aux connotations surnaturelles qui joue autant avec l'atmosphère qu'avec le gore et la violence la plus brutale.
Nous dirons immédiatement que le film déborde de bonne volonté à chaque plan, tout comme l'effort considérable que cette opération a requis est évident, mais pendant la vision, il est tout aussi évident qu'il s'agit d'un premier film réalisé par un artiste encore un peu vert, qui montre néanmoins avoir sans aucun doute pris la bonne voie. En effet, ce qui frappe le plus dans "La prison obscure", c'est la sécurité et le grand soin apporté à la réalisation, toujours attentive aux bonnes prises de vue, souvent capables de rendre inquiétante même l'environnement le plus familier. De la même manière, on peut noter un excellent soin apporté aux décors et à la photographie, sur lesquels on a visiblement beaucoup travaillé pour les garder toujours en harmonie avec le détachement psychologique subi par les personnages du film. Les intérieurs de la villa où se déroule le bon 90% du film reflètent souvent la confusion mentale des deux protagonistes, tout comme la belle photographie qui alterne des couleurs chaudes et pâteuses (le rouge et l'orange surtout) avec des tonalités sombres et froides.
Ce qui convainc peu dans "La prison obscure", c'est l'écriture, réalisée par le même réalisateur, qui semble avancer par à-coups, comme s'il n'y avait pas une véritable idée de fond capable de mener l'histoire à un réel tournant. Le film avance en effet par accumulation de petits détails qui sont souvent complètement abandonnés, comme si les divers indices semés pendant l'enquête de la protagoniste n'étaient pas réellement importants pour la résolution de l'affaire. Les dialogues ne convainquent souvent pas et paraissent parfois presque improvisés. Tout cela donne un sentiment de fragmentation à l'œuvre et alourdit la vision, une sensation accentuée par la durée excessive du long métrage (environ 108 minutes). En effet, le film aurait sans aucun doute eu un impact plus grand avec quelques coupes supplémentaires, peut-être en réduisant la durée aux 90 minutes canoniques, en raccourcissant surtout les longues scènes oniriques et les collisions (surtout verbales) entre les deux protagonistes.
La mannequin et actrice débutante italo-française Elodie Serra prête son visage à la protagoniste et montre qu'elle s'en sort plus que décemment dans un rôle qui prévoit une participation physique et émotionnelle considérable. Le reste de la distribution souffre un peu de l'improvisation actorale à laquelle sont presque toujours liées les productions low budget italiennes, à commencer par Salvatore R. Di Costanzo qui joue également le rôle de co-protagoniste dans la peau d'Alessandro, qui nous offre un personnage parfois trop caricatural, surtout dans la caractérisation de la descente dans la folie, caractérisée par des excès de colère inexplicables, un regard méchant et une voix caverneuse.
Très bonne et bien utilisée la bande sonore, qui alterne des musiques originales avec des morceaux du groupe de death metal "Cliniquement morts".
En conclusion, "La prison obscure" est certainement une "expérience" intéressante qui a cependant souffert considérablement de l'inexpérience de la production; le jeune réalisateur s'en est cependant très bien sorti derrière la caméra et a indubitablement du talent. Nous attendons donc un nouveau travail pour un jugement définitif, conseillant peut-être d'adopter le langage du court métrage, sûrement moins coûteux et plus enclin à l'expérimentation.