RG
Roberto Giacomelli
•Lisa Reisert, après avoir assisté aux funérailles de sa grand-mère à Dallas, s'apprête à prendre le vol de nuit pour retourner à Miami, où elle vit et travaille. Au terminal de l'aéroport, elle rencontre le jeune et charmant Jack Rippner, et une certaine complicité s'installe immédiatement entre eux. Par hasard, ils se retrouvent assis côte à côte dans l'avion, et après avoir fait connaissance, Jack révèle à Lisa qu'il fait partie d'un complot terroriste visant à assassiner un homme politique de renom qui loge dans l'hôtel où travaille la jeune femme. Lisa devra aider Jack dans le meurtre, sinon son père sera à son tour tué par un complice du terroriste.
"Red Eye", littéralement "œil rouge", terme informel utilisé aux États-Unis pour désigner les vols de nuit et titre accrocheur du dernier film d'un Wes Craven désormais inoffensif. Après les fastes de la trilogie "Scream" et le demi-échec de "Cursed", Craven se lance à corps perdu dans le thriller pur, un genre qu'il n'avait jamais exploré, sinon contaminé par des éléments horrifiques. Dans "Red Eye", en revanche, rien à voir avec le monde de l'horreur, mais on se retrouve devant un thriller se déroulant à haute altitude, tendu et minimaliste, mais aussi improbable et, à plusieurs reprises, maladroit. Exemple du sens du rythme que le film en question parvient à exprimer : montage serré (œuvre de Patrick Lussier, monteur fidèle et habituel de Craven depuis les temps de "Nightmare - From the Deep of the Night"); des solutions narratives linéaires et dépourvues de toute chute de ton; un pathos toujours élevé et une capacité à maintenir l'attention de l'attention du début à la fin. Mais en même temps, "Red Eye" présente un scénario (œuvre de Carl Ellsworth) compact mais improbable et assez fantasiste dans plusieurs solutions, l'une d'elles étant la manière dont les terroristes entendent tuer le politicien, qui peut même sembler ridicule. De plus, Craven se révèle en grande forme pour montrer la subtile torture psychologique que le terroriste applique sur la malheureuse Lisa, mais il semble plutôt déplacé de filmer les moments d'action qui apparaissent fréquemment dans la dernière demi-heure du film, résultant presque maladroits.
Les personnages principaux sont fascinants : Lisa est interprétée de manière impeccable par la prometteuse Rachel McAdams ("Mean Girls"), qui dessine une protagoniste inoxydable au travail mais extrêmement insécure dans la vie, ayant survécu à un accident qui lui a appris à se méfier des inconnus; Jack Rippner (un nom qui est tout un programme, puisqu'il sonne un peu comme Jack l'Éventreur!) est interprété par l'excellent Cillian Murphy (vu dans "28 jours plus tard" et "Batman Begins"), parfait dans le rôle du psychopathe, avec la figure d'un brave garçon et le regard céruléen, immédiatement odieux dans sa manière de se comporter, mais, en tirant les conclusions, se révélant le personnage le plus sympathique de tout le film. Décevants, en revanche, les personnages secondaires : de la vieille dame improbable rencontrée au terminal, au politicien insignifiant objet de l'attentat, jusqu'à la figure du père de Lisa (interprétée par le très bon Brian Cox), une figure presque évanescente bien qu'essentielle à l'intrigue.
En somme, "Red Eye" nous présente un Craven sûrement très éloigné des films brutaux confectionnés dans les années 70, tout comme en dessous par rapport aux cultes fortunés et magnifiques "Nightmare" et "Scream", mais qui, tout compte fait, divertit et se présente comme une forme inoffensive de divertissement, parfois maladroite, mais capable de maintenir l'intérêt du spectateur pendant toute sa durée. Ne vous attendez donc pas à assister au dernier "chef-d'œuvre" du maître du frisson Wes Craven, mais simplement à un thriller agréable et improbable.
Curiosité. Le réalisateur Wes Craven, avec le scénariste Carl Ellsworth, se sont offerts un caméo dans le rôle de deux passagers assis dans l'avion dans lequel se déroule le film.
