FM
Francesco Mirabelli
•Au début du dix-neuvième siècle, deux jeunes prêtres agités, fouillant dans les sous-sols de leur monastère, découvrent une mystérieuse sculpture sphérique représentant deux femmes nues enlacées dans une étreinte morbide. Au contact de l'objet mystérieux, la main de l'un des deux prêtres est aspirée à l'intérieur de la sculpture, fournissant une énergie vitale pour le réveil des deux Succubes du Mal représentées : les sœurs Munkar et Nakir. Dès leur retour à la vie, grâce à la Roue du Temps cachée elle aussi dans les sous-sols du monastère, les deux Succubes voyagent jusqu'à nos jours pour se nourrir et commencer la conquête du monde des hommes. Il reviendra au prêtre survivant de les poursuivre pour venger la mort de son frère et prouver qu'il est l'unique homme saint et sans péché capable, selon les anciennes prophéties, de les tuer. Il est inutile de tourner autour du pot et de retarder les conclusions inévitables : "Saint Sinner" est un film laid, inutile, à certains moments si bâclé qu'il peut même agacer le spectateur le plus bienveillant. Difficilement pouvons-nous expliquer pourquoi un écrivain de talent indéniable comme Clive Barker, capable d'offrir des romans métaphysiques aux limites du rêve et du cauchemar à ses lecteurs fidèles, ainsi qu'une bonne dose de films cinématographiques agréables (dont nous aimons rappeler le mythique "Hellraiser" et l'ambitieux et visionnaire "Cabal"), a pu signer un scénario cinématographique comme celui-ci. La pensée que sa plume ait pu écrire un sujet aussi banal et prévisible, dépourvu de tout pathos et d'une quelconque cohérence narrative, est si déprimante et ennuyeuse qu'elle nous fait espérer une interprétation erronée et incompétente de la part de ceux qui ont lu le sujet original pour en faire un scénario (Doris Egan) et de ceux qui, par la suite, ont lu le scénario pour en faire un film (Joshua Butler). Quelle que soit la vérité, la signature de Clive Barker dans ce cas malheureusement reste, et cela élimine de fait toute justification pour une telle erreur grossière. En particulier, "Saint Sinner" se traîne pendant une heure et demie sans aucun élément digne d'intérêt, fragmentaire, mal joué, incohérent (il suffit de penser qu'en dépit d'une division temporelle inutile qui nous indique l'heure à chaque changement de séquence, on a plus d'une fois l'impression de s'être perdu en route un morceau de film !). De plus, la tension et les atmosphères inquiétantes sont complètement absentes (l'obscurité gothique de "Hellraiser", par exemple, est à des années-lumière...), au point qu'on semble se retrouver face à une comédie délabrée plutôt qu'à un véritable film d'horreur. Les deux sœurs maléfiques arrivent dans notre monde enveloppées d'une sorte de bave gélatineuse inexplicable, qui les accompagnera pendant toute la durée du film, simplement pour devenir deux prostituées à la peau pleine de taches violacées et à l'apparence vraiment peu agréable (soutenue aussi par deux actrices particulièrement laides et indigestes) avec l'intention de sucer littéralement vivants, à travers une sorte de paille géante (?) insérée dans la nuque, les clients téméraires abordés. Et la menace pour le monde est terminée ? L'apocalypse que l'arrivée des Succubes aurait générée, qu'en est-il advenu ? Mystère absolu... Le protagoniste se révèle ensuite totalement hors de propos : comment peut-on engager un acteur magnifique avec un physique ultra-musclé sculpté dans le roc pour interpréter un jeune moine du 800 ? Hum... Nous pourrions continuer à l'infini, citant la grossesse de l'une des deux sœurs qui donne naissance à une sorte d'insecte-polype apparu dans l'une des dernières séquences du film sans pour autant jouer un rôle dans l'histoire, ou citant la manière grossière et risible avec laquelle est traité le dilemme moral du moine qui se sent trop peu saint et très pécheur (il suffit de penser qu'au début du film il regarde la poitrine d'une jeune lavandière en mordant une pomme : quelle métaphore audacieuse !), ou encore citant les nombreuses incohérences qui se succèdent tout au long du film. Mais nous préférons nous arrêter ici, aussi parce que si nous révélions maintenant toutes les situations tragico-comiques du film, quel plaisir resterait-il à le louer ? Un conseil, pourtant : regardez-le seulement si vous avez vraiment l'intention de passer une soirée avec des amis et de bien rire. Parce que si vous le louez en vous attendant à un film d'horreur, vous verserez beaucoup de larmes amères.