RG
Roberto Giacomelli
•Un couple décide de filmer avec une caméra vidéo leurs rapports sexuels. Mais ce qui est initialement un simple jeu érotique se transforme rapidement en une lente et sanglante forme de chantage.
À combien d'entre vous est-il arrivé de faire au moins une petite réflexion sur la possibilité d'enregistrer vos exploits érotiques afin de les regarder, en secret ou en couple, votre propre film porno maison dont vous êtes les protagonistes ? Eh bien, ce n'est sûrement pas une pensée si rare, une forme de voyeurisme extrême et participative qui, ces dernières années, a également fait la fortune de nombreux couples exhibitionnistes et de portails web qui profitent du porno amateur.
Mais si la vidéo porno amateur devenait le prétexte d'une terrible histoire de sang, de vengeance et de jalousie ? C'est précisément de ce court-circuit que s'inspire Stefano Rossi pour son nouveau court métrage, "Recording", scénarisé par Lorenzo Paviano - avec qui il avait déjà collaboré dans le précédent "Le 2 scimmie" - et adapté de la nouvelle "Metamorfosi" de Lavinia Pini.
L'intention de Rossi et ses collaborateurs est évidente dès les premières images, qui incluent une jambe tranchée net avec une hache, à savoir choquer le spectateur avec une histoire extrême qui utilise de manière cohérente des images extrêmes. Le point névralgique de "Recording", en effet, est précisément cet impact de dégoût mêlé de fascination qui parvient à susciter chez celui qui regarde, cet "input" "du ventre" qui transmet, déclenchant des pulsions liées au sexe, au sang. Il s'agit d'une pure et simple esthétique de la violence, d'une apologie de la chair, déjà anticipée dans le précédent court métrage "Le 2 scimmie" et ici portée à ces conséquences extrêmes que l'on peut se permettre en bénéficiant d'un département technique/artistique plus expérimenté et, par conséquent, professionnel.
En effet, "Recording" bénéficie de professionnels du secteur qui apportent sans aucun doute une contribution fondamentale à la réussite du court métrage. Les superbes et réalistes effets spéciaux sont réalisés par Tiziano Martella et Luigi D'Andrea, connus dans le domaine des effets spéciaux italiens pour avoir travaillé - parmi tant d'autres - sur "Zombie Massacre" et "Tulpa", qui ici se sont particulièrement amusés à créer une jambe amputée de celles qui, à première vue, vous font vous demander "mais comment diable ont-ils fait ?". La belle photographie est de Mirco Sgarzi ("House of Flesh Mannequins", "Mad in Italy") et joue avec des tons gris et rouille pour donner un sens de malsain, parfois interrompus par des colorations vives rouges et vertes qui émergent de l'arrière-plan, typiques d'un certain cinéma des années 70. Mais en parcourant les crédits, on peut également apercevoir les noms de Raffaele Picchio, réalisateur du culte "Morituris" ici en tant qu'assistant réalisateur, et Luca Boni, co-réalisateur de "Eaters" et "Zombie Massacre" et ici coloriste.
La sensation que laisse "Recording" à ceux qui le regardent est absolument positive - à condition que vous soyez fans de gore et de torture, bien sûr - et ce jeu sadique parvient à faire passer outre une structure narrative qui aurait peut-être eu besoin d'un développement différent, peut-être plus complexe et soigné pour expliquer les "comment" et les "pourquoi" du cas. La morbidité, la violence et le dégoût émergent parfaitement, mais les dynamiques entre les personnages restent étouffées, probablement aussi en raison de la trop courte durée de l'ensemble (une dizaine de minutes).
À noter que dans le casting, on trouve l'ancien acteur porno Francesco Malcom, désormais consacré comme icône de l'horreur italienne indépendante, et la même Lavinia Pini, auteure du sujet.
Un mini torture-porn à voir absolument.