Morse backdrop
Morse poster

MORSE

Låt den rätte komma in

2008 DE HMDB
octobre 24, 2008

Oskar, un garçon doux et solitaire de 12 ans victime de harcèlement scolaire, trouve l'amour en la personne de Eli, une fille magnifique mais particulière, dont l'arrivée coïncide avec une série de morts bien mystérieuses.

Réalisateurs

Tomas Alfredson

Distribution

Kåre Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar, Henrik Dahl, Karin Bergquist, Peter Carlberg, Ika Nord, Mikael Rahm, Karl-Robert Lindgren, Anders T. Peedu
Dramma Horror

CRITIQUES (1)

RG

Roberto Giacomelli

Le dodicenne Oskar vit une enfance difficile : ses parents séparés sont tous deux trop absents et ses camarades de classe l'insultent et le battent quotidiennement. Un soir, pourtant, Oskar rencontre Eli, une fille de son âge qui vient d'emménager dans l'appartement voisin du sien. La jeune fille, pourtant, ne va pas à l'école, sort rarement et jamais pendant la journée et montre une étrange pâleur. Peu à peu, une belle amitié naît entre les deux, mais un problème se pose : Eli est un vampire et les cadavres qui s'accumulent dans le pays ces dernières semaines sont son œuvre. Ces derniers mois, la figure du vampire semble être revenue à la mode, après un abandon partiel au début du troisième millénaire. Certains auraient pu imaginer que le vampire ne s'intégrait pas bien à la frénésie et au sadisme que l'horreur a acquis dans les productions récentes à succès, sauf à finir dans la contamination avec l'action (ce qui est effectivement arrivé). Pourtant, "30 jours de nuit" nous a démontré que le vampire est encore capable de "mordre" et l'a fait en utilisant un langage qui regardait l'horreur contemporaine tout comme celle du passé. Mais le succès commercial, celui des unes des tabloïds, est arrivé avec "Twilight", vampirisme adolescent qui a touché des cordes étrangères à l'horreur vraie, mais ramenant quand même en vogue la figure du vampire dans l'exception la plus romantique et presque contre-courant à l'affirmation la plus musclée et sanglante gagnée à l'époque post "Blade". Mais comme je le disais, le vampire est revenu mordre pour de bon et a peu à voir avec les succès d'outre-Atlantique annoncés et ciblés, plutôt il vient de la froide Suède, il s'appelle Eli, il a "plus ou moins" douze ans et tue parce qu'il doit vivre. Eli est la protagoniste de "Laisse-moi entrer", le film que Tomas Alfredson a tiré du roman éponyme à succès de John Ajvide Linqvist, confectionnant un film touchant et captivant, probablement l'un des meilleurs dans son genre depuis longtemps. Les protagonistes de l'histoire sont l'amitié et la marginalisation, transfigurés dans les silhouettes des deux jeunes protagonistes, Oskar (Kare Hedebrant) et Eli (Lina Leanderson). Tous deux sont marginalisés par la société ; l'un parce qu'il est le fils de la première génération de la loi sur le divorce (l'histoire se déroule en 1982), l'autre parce qu'il est un vampire. Oskar se retrouve à lutter en solitaire contre la quotidienneté, privé d'une figure parentale solide qui le guide, puisque la mère est une femme carriériste prête à s'approcher simplement pour regarder un peu de télévision avec lui le soir et le père est toujours trop distant et apparemment plus intéressé par ses amitiés que par son fils. Naturellement, la méchanceté infantile et le harcèlement font aussi leur œuvre et ainsi le garçon deviendra victime de cruelles brimades de la part de ses camarades de classe. Tout cela conduit à une rancune refoulée qui éclate dans le garçon à travers un intérêt morbide pour la chronique noire et pour les armes tranchantes, avec lesquelles il rêve de frapper son ennemi juré. Ainsi, tant d'insécurité et de fragilité humaine sont contrebalancées par l'apparition d'Eli, petite vampire si différente d'Oskar et pourtant si similaire. Eli est une prédateuse, elle sait se défendre et veut l'enseigner aussi à son jeune ami, elle tue indistinctement par simple besoin nutritif et sa condition d'immortalité l'a amenée à connaître l'être humain (et à l'éviter) mieux que l'homme ne se connaît lui-même. Pourtant, Eli est aussi une marginalisée ; littéralement, elle est très similaire au prototype de l'immigrée pauvre et sans domicile, elle ne peut pas avoir une vie sociale à cause de sa condition évidente de créature de la nuit, marquée par tous les désavantages que le sort vampirique lui a réservés. Eli n'a personne avec qui partager son enfance gelée, seulement un vieil homme de confiance/tuteur avec lequel elle entretient une relation ambiguë de complicité/amour. Oskar et Eli sont donc deux personnages prédisposés à la cohabitation, faite de communication véhiculée par le langage morse et de baisers au sang, épurant la relation de toute implication sexuelle explicite, tout en voyageant sur les rails d'une subtile morbidité qui tient en équilibre la dimension asexuée infantile et celle plus passionnelle de l'amour adulte. Alfredson, grâce à l'excellente performance des deux acteurs principaux et au scénario fluide du même auteur du roman, construit ainsi une histoire qui tire sa force de l'intimité de l'histoire mais aussi de l'universalité du message. L'attention avec laquelle les personnages sont dessinés et l'alchimie entre les différents éléments (implicites et explicites) de l'histoire parviennent à créer une parfaite empathie chez le spectateur, accompagnée de rythmes parfaitement équilibrés entre l'introspection et les coups d'horreur, qui ont un grand impact émotionnel et visuel. "Laisse-moi entrer" est un film qui mérite beaucoup d'attention, une véritable bouffée d'air frais dans un genre qui avait un peu perdu son identité. À voir absolument.