RG
Roberto Giacomelli
•Oslo. Johanna est agressée dans un parc par un homme en combinaison de travail. L'homme brandit un perceuse avec laquelle il perce la tête de la jeune fille, qui, croyant être morte, est emmenée à la morgue. Le père de la jeune fille est détruit par la douleur et commence une enquête personnelle à la recherche de l'assassin. Johanna n'est pourtant pas morte et, bien qu'elle soit dans un état semi-végétatif, elle retourne à la maison et commence à vomir une étrange substance noire. Pendant ce temps, dans la ville, des cas similaires se produisent : des hommes armés d'une perceuse électrique et vêtus d'une combinaison de travail vont perforer le crâne des personnes, qui se réveillent ensuite et régurgitent un liquide noir visqueux.
Arrivé de Norvège, cet étrange film d'horreur porte la signature de deux réalisateurs, César Ducasse et Mathieu Péteul, et a remporté des prix à travers le monde. Et ici, on se demande où est le truc, car au-delà d'une bonne idée de base, "Dark Souls" n'est certainement pas un film qui se laisse rappeler avec plaisir.
Parmi les différents films d'horreur nordiques des dernières années, qui peuvent être le magnifique "Laisse-moi entrer" ou le divertissant "Dead Snow", "Dark Souls" est celui qui donne le plus la sensation de l'occasion manquée. Ducasse et Péteul sont deux fans du cinéma d'horreur et cela se comprend dès le début, grâce à la multitude de citations avec lesquelles ils farcissent leur film : de l'évident "Driller Killer" d'Abel Ferrara à l'incroyable clin d'œil à "Bad Taste" de Peter Jackson dans le finale, en passant par des situations qui rappellent ici et là le cinéma de zombies italien ou la moderne ghost story asiatique. Un pastiche de sujets et de références qui font perdre bien vite le réel sens de l'opération avec un scénario qui à un certain moment s'en va de pales en friches avec une telle nonchalance qu'elle semble presque une moquerie pour le spectateur.
Le début de "Dark Souls" est sans aucun doute prometteur, suffisamment étrange et original pour intriguer et pousser à la vision. L'histoire se poursuit entre hauts et bas, s'appuyant beaucoup sur le mystère qui réside derrière les "perceurs", auquel s'ajoute l'état végétatif des victimes uni à la substance noire qui remplit les corps des perforés.
Intercalent ce curieux scénario des situations au limite du ridicule avec des personnages peu crédibles qui disent et font des choses franchement stupides. Mais bon, cela arrive souvent et ne gâche pas un film qui parvient au moins à maintenir l'attention toujours assez haute.
À partir de la moitié du film, tout dégénère. Le père de la jeune fille, interprété par un médiocre Morten Ruda, commence à enquêter sur les événements et se révèle si maladroit et peu crédible qu'il fait involontairement sourire. Sa mission de suivre et photographier l'assassin est embarrassante, tout comme son aventure finale dans l'usine, même si dans ce dernier cas, le sens du grotesque est voulu. Ce n'est pas tant dans la personne de Morten Ruda, cependant visiblement inapte dans le rôle, qu'il y a quelque chose de faux, mais plutôt dans la construction maladroite des scènes, dans les événements narrativement forcés qui conduisent au développement de l'intrigue. En somme, on remarque toute l'inexpérience de ceux qui ont écrit et dirigé le film. Un film à petit budget qui reste digne sous certains aspects pour s'effondrer sous d'autres, notamment la photographie et les décors, qui évoquent tristement et misérablement certains produits télévisuels de quelques années plus tôt, comme, par exemple, l'allemand "L'inspecteur Derrick".
Puis il est incontestable que certaines intuitions soient bonnes et le sous-texte écologique intéressant en fonction d'une lecture environnementaliste de l'histoire, mais aussi la fin vaguement apocalyptique et clairement "à la queue leu leu" dont est pourvu le film, contribue à mettre en mauvaise lumière "Dark Souls".
Dommage car avec des idées un peu plus claires et peut-être plus de moyens à disposition, "Dark Souls" aurait pu être vraiment une agréable surprise... ainsi c'est seulement une belle idée partielle mal réalisée.
Retirez une moitié de citrouille à la note finale.