RG
Roberto Giacomelli
•Saya, une adolescente mi-sang humaine-démone, a pour mission de tuer Onigen, un démon d'une force incroyable responsable de la mort de son père. Grâce à ses pouvoirs particuliers, Saya fait partie d'une agence secrète chargée de traquer et de tuer des démons cachés sous l'apparence d'êtres humains. Pour ce faire, elle a été envoyée dans un lycée japonais près d'une base militaire américaine, car c'est dans cette zone qu'une intense activité démoniaque a été constatée.
Avec une production franco-chinoise, Chris Nahon, réalisateur de l'action "Kiss of the Dragon" et du thriller "L'Empire des loups", adapte en live-action "Blood: The Last Vampire", l'anime de Hiroyuki Kitakubo qui a connu un certain succès en 2000. Le style oriental est présent, le sens du rythme cher au réalisateur français aussi, sans oublier le département chorégraphique confié à l'expert Cory Yuen, mais malheureusement, c'est le film qui fait défaut.
Commençons par dire que le titre est trompeur car il n'y a pas de "Dernier vampire", le film parle de démons, mais de vampires au sens mythologique, il n'y a même pas l'ombre. Bien que la protagoniste doive se nourrir de sang pour survivre. Une protagoniste qui est l'antithèse de l'originalité, puisque son état rappelle de manière trop proche le Blade de la série éponyme (de films et de bandes dessinées) ; mais ce n'est pas seulement Saya — interprétée par Gianna Jun — qui se révèle peu mémorable, puisque l'ensemble des personnages est composé de figures évanescentes. Nous commençons par Alice McKee, interprétée par Allison Miller ("17 Again"), un personnage américain totalement absent dans le prototype japonais et qui a ici été évidement inséré pour donner un point d'identification au public occidental ; le problème est que son personnage est trop intrusif, visiblement inséré sans un véritable but narratif et la chose grave est qu'Alice est présentée comme co-protagoniste de l'histoire. Même le démon Onigen, à qui donne les traits la belle Koyuki ("Le Dernier Samouraï"), n'apparaît pas comme un personnage suffisamment fort et intéressant, si bien que le moment de son affrontement avec Saya semble presque dépourvu de pathos en raison du peu de charge attribuée au personnage.
"The Last Vampire", ensuite, présente le grave défaut de sembler un grand fouillis narratif. Il y a la sensation qu'il y ait beaucoup de matériel inexprimé, beaucoup d'informations cachées ou jetées au public de manière hâtive et peu claire. Il ne s'agit pas non plus du film classique pour les fans de la culture orientale ni d'une intégration sentie à l'anime d'origine, mais simplement d'un sujet mal développé, d'un scénario écrit avec approximation qui ne tient pas compte des besoins informatifs qu'une histoire doit fournir. Une succession de (longues) scènes d'action dépourvues d'un liant capable de les unir. Et si nous pouvons tout de même dépenser des mots élogieux pour l'action que Nahon porte à l'écran, avec des combats adréalinques et bien structurés, des mots de dégoût doivent être dépensés pour l'invasivité des effets spéciaux. Des horribles et primitifs "cosi" en infographie par ordinateur qui devraient être les démons au service d'Onigen, des chauves-souris vraiment peu convaincantes pour la rendu visuel grossier, tout comme le sang, toujours rigoureusement en CGI, qui avec ses gouttes rappelle les éclaboussures d'hémoglobine qui peuplaient les jeux vidéo de la série "Mortal Kombat". Mais ensuite, la chose qui dérange est la rapidité des intentions de certaines scènes, comme celle de la poursuite avec le camion (très similaire à celle déjà vue dans "Underworld Evolution"), qui doivent immanquablement composer avec le budget exigu et l'absence totale de crédibilité de la mise en scène.
Le résultat général fait apparaître "The Last Vampire" exactement ce qu'il est : un petit film qui a des aspirations de blockbuster. Et quand le pauvre tente d'imiter le monsieur aisé, les résultats sont presque toujours au limite du ridicule.
Nahon gâché, film raté.