ILS

Clémentine et Luca vivent dans une grande maison perdue dans les forêts roumaines. Une nuit, des bruits provenant de l'extérieur réveillent Clémentine : quelqu'un ou quelque chose essaie d'entrer dans la maison ! Avec la ligne téléphonique isolée et l'électricité coupée, les deux colocataires devront tout faire pour contrer le siège de ces présences indéfinies qui, semble-t-il, ont déjà frappé dans les environs, ne laissant derrière elles que des cadavres. Depuis combien de temps n'a-t-on pas produit un film d'horreur réellement capable de faire peur ? Un film peut transmettre de l'inquiétude de nombreuses manières différentes : en misant sur l'effet de répulsion, en surprenant avec des sauts soudains de son, en traitant simplement de thèmes inquiétants ou en rendant réellement le spectateur partie prenante de l'histoire à laquelle il assiste. "Them" a surtout ce dernier mérite, c'est-à-dire capturer l'attention du spectateur en l'identifiant aux protagonistes de l'histoire racontée et en le conduisant ainsi dans un crescendo de tension et de pression psychologique, destiné à ne pas s'éteindre même après que les crédits soient apparus. Peu de films réussissent dans cette intention, mais "Them" a relevé le défi, se révélant un petit (productivement parlant) produit capable d'avaler en une bouchée cent autres blockbusters qui ont bénéficié d'une visibilité bien plus grande. Oui, la visibilité... un film qui a reçu des éloges partout mais qui, malheureusement, en Italie a eu un traitement médiocre : annoncé en salle et puis démenti, reporté, distribué en quelques copies et puis immédiatement jeté sur les étagères des vidéoclubs et, en même temps, à la télévision par satellite. Dommage, parce que l'œuvre mérite vraiment ! Produit en France en 2006, "Them" (sous son titre original "Ils") s'inspire de faits réellement survenus, comme le souligne la didascalie qui coupe l'écran au début et à la fin du film, et pour cette raison parvient à instiller chez le spectateur un sentiment accru d'angoisse, déjà largement amplifié par l'usage habile des temps narratifs et d'action que les réalisateurs (et scénaristes) David Moreau et Xavier Palud ont réussi à gérer. Le discours expliqué par "Them", en plus de se charger de significatifs aspects sociologiques sur une réalité en état de dégradation dangereuse, se place à la limite entre deux genres cinématographiques distincts bien que parfois apparentés : l'horreur pure, presque paranormale dans la narration, et le cinéma de siège. L'horreur est traitée dans la forme esthétique et narrative du film ; les réalisateurs tiennent à maintenir le spectateur en constante tension et le font avec des trucs simples de cinéma de peur (la figure floue qui apparaît soudainement derrière, les bruits inquiétants, le corps intrus qui pénètre dans le cadre accompagné d'une alternance de plans sonores, etc.) mais aussi avec des artifices raffinés qui misent tout sur l'identification totale avec les protagonistes (prises de vue mobiles qui correspondent souvent au regard des personnages, le cadre qui ne montre pas ce qui est hors de portée visuelle des protagonistes, et ainsi de suite...). La forme, tout comme l'intrigue narrative, sont tout à fait sèches, minimalistes : 77 minutes de durée qui correspondent exactement aux faits vécus pendant la terrible nuit (à l'exception de l'introduction qui montre un autre événement) ; et tout cela ne fait qu'ajouter au succès de ce film. Le cinéma de siège, comme on le disait, est fortement traité dans "Them", dans la mesure où, pendant une grande partie du film, les protagonistes n'ont d'autre choix que de défendre leur propriété contre les attaques des mystérieux intrus, passant par des espaces de plus en plus restreints (de prisonniers de toute la maison, ils deviendront bientôt prisonniers de la seule salle de bain), jusqu'à une explosion qui étendra leur rayon d'action à toute la zone boisée (toujours délimitée, cependant, par la végétation dense et les clôtures) pour se resserrer à nouveau dans des intérieurs. Efficaces les deux acteurs principaux Olivia Bonamy (Sur mes lèvres) et Michael Cohen (Les Misérables), suffisamment impliqués dans leur rôle ; bonne la photographie qui, malgré l'utilisation du numérique, semble particulièrement soignée et les effets sonores, souvent protagonistes des scènes les plus inquiétantes. En somme, "Them" est indubitablement un film capable de ramener le mot "peur" au genre horreur ; un petit exemple de maîtrise cinématographique tournée vers la suggestion spectatorielle et l'un des meilleurs exemples de films d'horreur des derniers mois. Absolument recommandé.