Hellboy, l'agent le plus coriace du Bureau de Défense et Recherches Paranormales, est de retour pour une nouvelle mission secrète… Une terrible menace plane sur notre univers depuis que Nuada, Prince de l'Invisible, a brisé le pacte qui liait l'humanité aux Fils de la Terre. Après plusieurs siècles de soumission à l'Homme, l'anarchique Nuada a décidé de réveiller ses armées mortifères et de rendre la liberté à toutes les créatures fantastiques. Hellboy préfèrerait consacrer son temps à sa petite amie pyrokinétique Liz et à leur vaste ménagerie féline. Mais lui seul est de taille à sauver la Terre de la destruction. Héros incompris, écartelé entre deux mondes qui le rejettent, il devra choisir entre la vie qu'il connaît et une destinée mystérieuse et irrésistiblement attirante…
Distribution
Ron Perlman, Selma Blair, Doug Jones, John Alexander, Seth MacFarlane, Luke Goss, Anna Walton, Jeffrey Tambor, John Hurt, James Dodd
FantasyAzione
CRITIQUES
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RG
Roberto Giacomelli
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Depuis des siècles, les humains vivent une trêve avec le peuple des elfes, mais Nuada, le prince du royaume fantastique, est déterminé à rompre cette trêve et pour ce faire, il doit s'emparer des deux parties d'une couronne qui le rendrait capable de contrôler l'indestructible armée d'or. Hellboy et ses collègues du Département de la Recherche sur le Paranormal et la Défense prennent connaissance du plan apocalyptique du prince Nuada et devront s'aventurer dans les méandres du royaume fantastique pour empêcher que l'armée des massifs robots dorés ne soit réveillée et ne réduise l'humanité en cendres.
La presse internationale a désormais affublé Guillermo Del Toro du surnom de "visionnaire" : Del Toro serarememberé comme un réalisateur visionnaire. Mais n'est-ce pas réducteur ? Tous les films que ce brillant auteur mexicain a réalisés jusqu'à présent sont un morceau d'un immense mosaïque (pas encore complète) qui décrit avec imagination et intelligence un univers parallèle au nôtre, dans lequel des personnages de conte de fées, des humains et une connaissance historique de la politique coexistent et s'entrelacent continuellement. Son cinéma est un immense freak show composé de vampires millénaires, de scarabées mutants, de faunes, d'orques et de diables aux cornes raboteuses qui se sentent un peu humains. Un cirque de merveilles et d'horreurs qui se trouve continuellement en équilibre entre l'horreur citazionista, l'action virtuose et le conte noir pour adultes.
"Hellboy - The Golden Army" arrive quatre ans après le premier volet très réussi et, bien qu'il n'atteigne pas le sommet de son prédécesseur, il porte en lui toute la personnalité autoriale de Del Toro, la fusionnant avec une grande maîtrise avec le langage du blockbuster hollywoodien. Cette deuxième aventure du diable au poing de pierre est une incursion dans les territoires du pur fantasy, où les pâles accents horrifiques suggérés par les atmosphères lovecraftiennes du premier film sont ici entièrement remplacés par le folklore européen et l'imaginaire de conte de fées tant chers au réalisateur de "Le Labyrinthe de Faune". Hellboy et ses amis Abe Sapien et Liz Sherman se retrouvent à devoir affronter des créatures qui semblent sortir directement du film précédent du réalisateur ("Le Labyrinthe de Faune", justement) mais heureusement, l'œuvre ne se limite pas à une exhibition complaisante de style visuel et de suggestions imaginatives (le risque était grand) et "Hellboy - The Golden Army" porte en lui les gènes d'au moins quatre genres cinématographiques différents. Il y a le fantasy, qui représente la composante prédominante, mais il y a aussi l'action fournie par des scènes de combat spectaculaires et magnifiquement chorégraphiées, le mélodrame qui découle des relations sentimentales entre les personnages, la comédie. Peut-être est-ce la composante comédie qui parfois se révèle trop présente, même lorsqu'elle n'est pas demandée, capable de donner des scènes absolument réussies et d'autres définitivement plus gratuites.
Bien qu'elle ne présente pas un scénario particulièrement "sophistiqué", "Hellboy - The Golden Army" a le grand mérite de réussir à approfondir des personnages qu'il serait difficile de prendre au sérieux. Ainsi, le sympathique Hellboy (interprété par le talentueux Ron Perlman) est toujours prêt à enfreindre les règles pour chercher un peu de chaleur humaine auprès d'une foule potentielle de fans, mais à ses dépens, il se rend compte qu'il est considéré comme un monstre, un différent assimilable aux créatures qu'il combat plutôt qu'aux humains qu'il protège depuis des années. Dans ce deuxième volet, commence à naître dans le personnage ce conflit intérieur et cette conscience de nature démoniaque qui pourraient servir de pivot pour un éventuel troisième volet. De plus, plus d'espace et de profondeur sont donnés au personnage singulier d'Abe Sapien (à nouveau interprété par le caméléon Doug Jones), l'amphibien sensitif qui représente le "cerveau" du Département de la Recherche sur le Paranormal et la Défense, ici plus "humain" que dans le film précédent et montré aux prises avec des problèmes sentimentaux. On aurait espéré un rôle plus important pour le personnage de l'incendiaire Liz Sherman, désormais capable de contrôler ses pouvoirs, et pour le méchant prince Nuada qui, malgré la performance excellente des acteurs qui les interprètent (Selma Blair et Luke Goss), apparaissent un peu marginaux dans l'ensemble de l'œuvre.
Les grands protagonistes du film sont les monstres, les freaks que Del Toro aime tant, ici splendidement réalisés par des effets spéciaux de vieux style stupéfiants (parfois mélangés à la computer graphic) et capables de soutenir un film de plus de deux heures sans le rendre grotesque ni porter à l'étrangeté le spectateur.
Comme vous l'aurez compris, "Hellboy - The Golden Army" partage peu ou rien avec l'horreur, et ainsi que dans le cas du premier film, ne vous attendez donc pas à des scènes de tension ou à des effusions de sang, mais cela ne veut pas dire que le fan ultime du cinéma d'horreur ne puisse pas apprécier cette opulente fable pour adultes, confirmation du talent de l'un des plus affirmés "jeunes" réalisateurs contemporains.