RG
Roberto Giacomelli
•Cinzia est une mère inquiète du comportement asocial de son fils Ivan, enfermé dans sa chambre devant son ordinateur depuis maintenant un an, depuis que sa meilleure amie Tania s'est suicidée. Cinzia a le sentiment qu'Ivan discute justement avec Tania et le suicide d'autres de ses pairs au cours des dernières semaines l'alerte. La femme décide alors de s'adresser à un psychiatre qui lui demande de filmer leurs journées entières avec une caméra vidéo.
Nouvel exemple de mockumentary d'horreur, mais cette fois-ci made in Italy, qui vient grossir la encore maigre quantité de films italiens qui utilisent ce langage et représentés pour l'instant par le désormais culte "Road to L. - Le mystère de Lovecraft", "The Gerber Syndrome" et le toujours inédit "Circuito Chiuso". "Th3 Pit" (avec le "3" à la place de la "e", attention !) est une œuvre particulière qui se distingue du lot, en bien et en mal. Tout d'abord, elle a eu une réalité productive qui non seulement en fait un film indépendant comme ses "cousins" mais vraiment un film à zéro budget, comme on peut définir une œuvre qui a bénéficié d'une production de seulement 3000 euros. Donc, indépendamment de tout, si une équipe réussit à mener à bien un film avec "rien", avec toutes les difficultés que le tournage d'un film implique, les compliments sont déjà dus pour la ténacité, l'engagement et l'atteinte d'un résultat concret. Si, en plus, il en résulte un beau film, alors le compliment est double.
Dans le cas de "Th3 Pit", nous avons une œuvre partiellement réussie.
Le film réalisé par le nouveau venu Filippo De Masi s'appuie sur un sujet accrocheur qui tente d'insérer dans un contexte horrifique la délicate question de l'hikikomori. Mais de quoi s'agit-il ? L'hikikomori est le soi-disant "maladie d'Internet", un phénomène qui touche des millions de personnes dans le monde qui s'isolent de la réalité en tombant dans la dépendance à Internet et finissent souvent victimes de la dépression. Bien sûr, hikikomori est un mot d'origine japonaise, lieu où ces phénomènes se sont initialement manifestés de manière plus fréquente et ce n'est pas un hasard si "Th3 Pit" rappelle justement une certaine vision de la technologie typiquement appartenant au cinéma asiatique. Le moyen technologique, dans ce cas Internet, est diabolisé, apparaissant comme le principal véhicule que le mal utilise pour se manifester dans la quotidienneté. Les fantômes de "Th3 Pit" utilisent le web non seulement pour communiquer avec les vivants, profondément seuls, mais aussi pour lancer leurs propres malédictions vers un monde qui les a exclus. L'au-delà de "Th3 Pit" est une dimension suspendue, sombre, nihiliste qui rappelle, probablement pas par hasard - voir aussi le thème du suicide -, le japonais "Kairo - Pulse" de Kyioshi Kurosawa, excluant toutefois le discours métaphorique qui s'y trouvait. Dans le film de De Masi, la malédiction qui frappe les jeunes protagonistes les pousse au suicide initialement pour une faute spécifique dont les victimes potentielles se sont rendues coupables, mais elle s'étend ensuite aux autres comme une maladie, comme s'il s'agissait d'une réaction en chaîne qui rappelle, justement, certains films qui, depuis "The Ring", ont proliféré dans le monde entier, avec quelques rappels à l'américain "Paura.com" pour l'attention primaire qui est donnée au site/chat/réseau social th3 pit, autour duquel tout tourne.
Les limites principales de "Th3 Pit" sont fondamentalement deux : le scénario et la gestion du style mockumentary. Le script de Lorenzo De Luca montre certaines difficultés à se structurer en une intrigue trop simple, dans laquelle les rebondissements ne sont jamais tels mais résultent souvent largement annoncés et la répétitivité de l'action règne. Malgré le fait qu'il y ait une perpétuation parfois inquiétante des événements, "Th3 Pit" a un bon rythme et réussit à maintenir l'attention en attente d'un tournant inattendu, généré également par une construction en flashback placée en ouverture du film. Un véritable tournant en réalité n'existe pas et ce dont on a le plus besoin est un climax final qui reste bien imprimé dans l'esprit du spectateur, au contraire le film a un déroulement trop constant qui ne trouve jamais un véritable point de décollage ni d'arrivée.
On parlait du style mockumentary, un langage qui aide indubitablement le rendu du faible budget et qui, ces dernières années, est particulièrement apprécié du public. Dans le cas de "Th3 Pit", il y a cependant une incertitude ou une méconnaissance de la technique en question, dans la mesure où la pervasivité de la caméra vidéo est parfois peu crédible, l'utilisation de plans depuis l'intérieur de l'ordinateur ou les subjectives de la fille dans la forêt ne sont pas justifiées (surtout en ce qui concerne le montage maison de la vidéo, puisque ces points de vue ne pouvaient pas être obtenus !) et la présence continue d'une bande sonore et d'effets sonores de film d'horreur heurtent la prétendue véracité du tournage. En somme, De Masi n'a pas trouvé les bons compromis entre fiction et prétendue réalité.
Très bonne performance de l'actrice Yassmin Pucci, déjà vue dans d'autres films d'horreur indépendants comme "Darkness Surrounds Roberta", "La canzone della notte" et "Finché morte non vi separi", bien qu'elle semble un peu trop jeune pour être la mère d'un garçon de 14 ans. Bravo aussi à Riccardo Mei dans le rôle du psychiatre Riccardo Freda (oh, oh, les noms citationnistes devraient être évités !!!) et l'intense Chiara Nicolanti dans le rôle de la défunte Tania, un peu moins expressif le jeune Marco De Masi qui interprète l'Ivan problématique.
"Th3 Pit" est donc une œuvre avec des pour et des contre, fluide et certainement intéressante aussi pour la réalité productive qui se cache derrière, mais avec certaines limites liées aux incertitudes sur la technique choisie et à un déroulement narratif faible.