La paléontologue Kate Lloyd part en Antarctique rejoindre une équipe de scientifiques norvégiens qui a localisé un vaisseau extraterrestre emprisonné dans la glace. Elle y découvre un organisme qui semble s'être éteint au moment du crash, de multiples années auparavant. Mais une manipulation élémentaire libère accidentellement la créature de sa prison glacée. Capable de reproduire à la perfection tout organisme vivant, elle s'abat sur les membres de l'expédition, les décimant un à un. Kate s'allie au pilote américain Carter pour tenter de mettre fin au carnage. Aux confins d’un continent aussi fascinant qu’hostile, le prédateur protéiforme venu d’un autre monde tente de survivre et de prospérer aux dépens d’humains terrorisés qu’il infecte et pousse à s’entre-tuer. The Thing sert de prélude au film culte de 1982, réalisé par John Carpenter, dont il reprend le titre.
Réalisateurs
Matthijs van Heijningen Jr.
Distribution
Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen, Eric Christian Olsen, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Paul Braunstein, Trond Espen Seim, Kim Bubbs, Jørgen Langhelle, Jan Gunnar Røise
HorrorFantascienzaMistero
CRITIQUES
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RG
Roberto Giacomelli
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Antarctique, 1982. Une équipe de scientifiques norvégiens découvre un vaisseau spatial extraterrestre enfoui sous la glace. La paléontologue américaine Kate Lloyd est appelée à rejoindre l'équipe norvégienne pour étudier l'engin extraterrestre et l'organisme qui l'habitait, semblant mort depuis des milliers d'années suite à l'impact. Mais la "chose", un parasite capable d'imiter toute forme de vie avec laquelle il entre en contact, est bien vivante. Une fois libérée, Kate devra s'allier au pilote du groupe, Carter, pour empêcher la créature de les tuer tous, en semant la discorde en prenant l'apparence des membres du groupe.
Toucher à un classique est toujours risqué, attirant souvent une avalanche de critiques préventives de la part de ceux qui ont adoré l'œuvre originale. C'est ce qui est arrivé à ce projet intitulé "La Chose", souvent – encore aujourd'hui après la sortie du film – considéré à tort comme un remake du chef-d'œuvre de John Carpenter. Commençons donc par quelques clarifications. La Strike Entertainment envisageait de refaire le film de Carpenter, qui était lui-même une adaptation libre du récit de John W. Campbell "Who Goes There?", déjà porté à l'écran en 1951 avec "La Chose d'un autre monde" de Christian Nyby. Pendant des années, il a été question d'une suite confiée à Carpenter lui-même, une hypothèse finalement abandonnée au profit de l'idée d'un remake, une pratique alors très en vogue. Heureusement, cette idée a été rejetée, et le scénariste Eric Heisserer s'est lancé dans l'écriture d'un préquel racontant ce qui s'est passé dans la base norvégienne d'où tout commence dans le film de Carpenter.
Il faut reconnaître qu'il était difficile de tirer quelque chose de réellement captivant d'une histoire dont tout le monde connaissait déjà le déroulement et la fin. De plus, la comparaison avec le film de Carpenter (un des rares véritables chefs-d'œuvre du cinéma fantastique) était inévitable et forcément impitoyable, comme le prédisaient les critiques. Malgré tout cela, il faut admettre que ce préquel est non seulement un excellent film, mais aussi un excellent préquel : le réalisateur Matthijs van Heijningen Jr. et son équipe ont réussi à accomplir un petit miracle !
La structure de ce préquel suit celle du film de 1982 (d'où les accusations de remake), mais offre un point de vue inédit et aborde une thématique alternative. Cette fois, la "Chose" n'est pas la seule femme du groupe ; il y en a deux autres, dont la protagoniste Kate, paléontologue américaine appelée pour contribuer à l'étude de l'être extraterrestre découvert. Contrairement au film de Carpenter, les personnages ici ont une longueur d'avance : ils savent grosso modo contre quoi ils se battent, bien que les capacités mimétiques de l'alien parviennent à faire émerger suspicion et paranoïa, atteignant leur apogée dans la scène du test et ses conséquences. Il est intéressant de noter que si dans le film de Carpenter, certains y voyaient une métaphore du SIDA, ici, on peut discerner une sorte de manifeste idéal de la perfection corporelle. La Chose ne peut répliquer que le matériel organique, corrigeant ainsi les "défauts" humains tels que les prothèses articulaires ou dentaires, et produisant un clone idéalement parfait. La Chose devient une solution aux imperfections physiques, une homogénéisation vers un idéal surhumain dominant dans une optique évolutionniste rappelant les peurs typiques de la science-fiction de la Guerre froide.
Fréquents et parfois un peu opportunistes, les clins d'œil aux fans du film original incluent des références musicales (le thème principal de Carpenter réadapté par Marco Beltrami est audible au début et à la fin), des éclaircissements sur certains "mystères" du premier film, et une fin suggestive sur le générique qui relie parfaitement ce préquel au film de 1982, formant ainsi une continuité narrative.
Matthijs van Heijningen Jr., qui fait ici ses débuts dans le long métrage, montre une aptitude particulière pour la construction de scènes angoissantes et tendues, omniprésentes dans "La Chose" et souvent très efficaces, notamment dans les séquences où l'alien se déchaîne avec ses transformations répugnantes. À cet égard, il convient de mentionner les magnifiques effets spéciaux, trouvant un juste équilibre entre la CGI et les effets pratiques, avec certaines transformations corporelles vraiment originales et impressionnantes. L'un des points forts du film de Carpenter était les effets réalistes de Rob Bottin ; dans le film de van Heijningen Jr., la logique des mutations est respectée avec une galerie de créatures effrayantes et cohérentes avec le passé. Malgré l'utilisation importante d'effets numériques, la matérialité du corps humain déformé et torturé, caractéristique du travail de Bottin, reste intacte.
Le casting est très solide, avec en tête Mary Elizabeth Winstead ("Destination Finale 3" ; "Die Hard 4 : Retour en enfer") et Joel Edgerton ("Le souffle du diable" ; "Warrior"), accompagnés d'Ulrich Thomsen ("Le Dernier des Templiers" ; "Centurion"), Eric Christian Olsen ("Eagle Eye" ; "N.C.I.S."), et Adewale Akinnuoye-Agbaje ("Lost" ; "G.I. Joe : Le réveil du Cobra").
Le préquel "La Chose" fonctionne très bien… évidemment, si l'on cherche des comparaisons qualitatives avec le culte de Carpenter, c'est peine perdue, car même si van Heijningen Jr. a fait un bon travail, le film de 1982 a une force expressive unique. Mais dans l'optique d'un film complémentaire et d'une opération commerciale destinée aux fans de l'œuvre précédente, on peut dire que ce préquel a atteint le maximum de ce à quoi il pouvait aspirer. Comme le film de 1982, ce préquel a également été un échec au box-office.