Cleveland Heep a tenté discrètement de se perdre à jamais dans les abysses de son vieil immeuble. Mais, cette nuit-là, il découvre dans le sous-sol de la piscine une jeune nymphe sortie d'un conte fantastique. La mystérieuse "narf" Story est poursuivie par des créatures maléfiques qui veulent l'empêcher de rejoindre son monde. Ses dons de voyance lui ont révélé l'avenir de chacun des occupants de l'immeuble, dont le sort et le salut sont étroitement liés aux siens. Pour regagner son univers, Story va devoir décrypter une série de codes avec l'aide de Cleveland... pour peu que celui-ci arrive à semer les démons qui le hantent. Le temps presse : d'ici la fin de la nuit, leur destin à tous sera scellé...
Distribution
Paul Giamatti, Bryce Dallas Howard, Jeffrey Wright, Bob Balaban, Sarita Choudhury, Cindy Cheung, M. Night Shyamalan, Freddy Rodríguez, Bill Irwin, Mary Beth Hurt
FantasyDrammaMistero
CRITIQUES
(1)
RG
Roberto Giacomelli
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The Cove est un complexe résidentiel habité par des locataires de diverses origines ethniques et de différentes classes sociales. Cleveland Heep, le concierge polyvalent, alarmé par des bruits étranges qui proviennent ponctuellement depuis quelques jours de la cour intérieure, une nuit risque presque de se noyer dans la piscine de l'immeuble, mais une mystérieuse jeune fille parvient à le sauver. La jeune fille, nommée Story, qui est également la responsable des bruits nocturnes, est en réalité une Narf, une nymphe des eaux venue dans notre monde pour accomplir une mission et désormais incapable de retourner en arrière. Cleveland et les habitants de The Cove s'efforceront d'aider Story à retourner dans le Monde Bleu et à la défendre contre les Scrunt, des êtres monstrueux déterminés à empêcher la nymphe de retourner dans son monde.
Dans un élan d'autorialité anarchique, le réalisateur indien M. Night Shyamalan poursuit un parcours très personnel dans le domaine du cinéma fantastique, se moquant ouvertement des standards hollywoodiens du film de genre. Au fil des années et des films, l'enfant prodige importé à Hollywood s'est construit une marque désormais inconfondible qu'il appose avec force sur chacun de ses films, les rendant bien reconnaissables aux spectateurs comme des "films de Shyamalan". Malgré le demi-échec du précédent "The Village" et son licenciement par la Buena Vista, l'auteur décide néanmoins de porter à l'écran un conte d'inspiration orientale conçu principalement pour ses propres enfants et le fait en intégrant le récit dans un discours actuel sur la collaboration entre les peuples et une réflexion plus philosophique sur la mission individuelle que chaque être humain est appelé à accomplir.
Il est clair que The Cove n'est autre que la planète Terre en miniature, un microcosme où vivent différentes cultures et races, apparemment dans une paix utopique. Cleveland est le point de contact entre les différentes cultures et les différents mondes, ainsi que le premier à voir et à tenter d'aider Story, ce qui mènera inévitablement à la collaboration fonctionnelle (et utopique) de tous les habitants contre un mal commun qui vient de l'extérieur et qui met en danger non seulement la nymphe, mais l'équilibre entier du microcosme.
The Cove est certainement un reflet du Village précédemment raconté par Shyamalan, isolé du monde (nous ne verrons jamais ce qui se passe au-delà de la cour, sauf à travers l'écran de la télévision, qui propose immanquablement des images de guerre et d'horreur) et menacé par des créatures surnaturelles. Mais les thèmes récurrents, ou autocitations, que le réalisateur dissémine dans le film, outre le fait d'être d'un grand intérêt pour le spectateur qui suit la carrière de ce jeune auteur, sont également l'occasion de trouver, dans la mer des produits standardisés par l'industrie cinématographique, une goutte d'originalité et une touche d'authentique raffinement formel-narratif. Non par hasard, l'un des personnages peut-être les plus caricaturales présents dans "Lady in the water" est un critique de cinéma, volontairement représenté comme un petit homme arrogant et antipathique qui pose son jugement comme une vérité dogmatique, mettant en danger non seulement lui-même, mais le destin entier des personnages du microcosme shyamalanien. Peut-être que le réalisateur a exagéré dans la caractérisation de ce personnage (des motifs personnels de haine?), le rendant également protagoniste d'une scène métacinématographique qui reflète la standardisation du cinéma d'horreur américain, assurément savoureuse mais absolument inutile.
Intéressant est ensuite le travail effectué sur les autres personnages et sur leur caractérisation, qui va bien au-delà du stéréotype, soutenu ensuite par un groupe d'excellents acteurs parfaitement à l'aise dans leur rôle. Une mention particulière va surtout aux deux protagonistes: Paul Giamatti ("American Splendor"; "Sideways"), dans le rôle de Cleveland, un homme au passé tragique et au présent insécure et plein de tics; et Bryce Dallas Howard ("The Village"; "Manderlay"), dans les vêtements de la mystérieuse et éthérée nymphe Story.
La réalisation de Shyamalan est, comme d'habitude, impeccable, cette fois-ci concentrée sur une technique quasi minimaliste qui privilégie les gros plans, les détails anatomiques et les vues du bas, ici caractérisées ensuite par un rythme narratif particulier de jeu de rôle; et de bon niveau également la photographie soignée de Christopher Doyle qui parvient à donner un toucher de naturel même aux situations les plus improbables. Bonnes aussi les effets numériques avec lesquels sont réalisées les créatures monstrueuses, bien que ce ne soit pas un choix tout à fait judicieux (surtout en regardant les films passés du réalisateur) de les montrer aussi bien et aussi souvent, au point de diminuer le pathos et le mystère liés à la composante antagoniste et horrifique de l'histoire.
"Lady in the water" se situe ainsi parmi les réussites du talentueux Shyamalan, réussissant à fusionner à la perfection le fantastique et le mystère, dans un film qui parvient à laisser chez le spectateur un invitant inhabituel à la réflexion, ne s'éteignant pas immédiatement après la vision, comme cela arrive souvent avec des films de ce genre.