RG
Roberto Giacomelli
•Dans un laboratoire sous-marin, les scientifiques repèrent sur radar un objet non identifié se déplaçant au fond de la mer à une vitesse considérable et émettant des ultrasons qui font initialement penser à une baleine. Le commandant Wayne exclut qu'il s'agisse d'un animal, tout comme d'un sous-marin, et deux plongeurs, Hugh Meddox et Sandra Welles, sont envoyés. Pénétrés à bord du mystérieux véhicule, les deux font l'imprudence d'apporter avec eux un cylindre, où semblent être enfermés des instruments scientifiques, mais l'objet est une sorte d'incubateur contenant un embryon alien. Le cylindre, une fois amené sur le sous-marin, se brise et un monstre amphibie en sort, semant la mort et la terreur dans le laboratoire.
Ah, les belles années 60 du cinéma, quand il suffisait de quatre acteurs, d'un coin de plateau de théâtre et d'un homme en costume de caoutchouc pour réaliser un divertissant film B. Quand l'odeur de la Guerre froide régnait, aux États-Unis, les invasions martiennes étaient populaires et les monstres de l'au-delà menaçaient la Terre (lisez les États-Unis), évoquant toujours et encore - souvent explicitement - la peur que l'envahisseur russe mette un pied hors de propos. "L'invasion : Mars attaque la Terre" ne fait pas exception, dont le titre explicatif place pleinement dans le genre.
En réalité, ce peu connu film de Francis D. Lyon n'a à voir que tangentiellement avec le thème des invasions que le titre italien trompeur (mais aussi l'original "Destination Inner Space" joue sale) promet : c'est un vaisseau spatial (sous-marin !) et un monstre menaçant de l'espace, mais on ne perçoit ni ne parle réellement d'une invasion et, surtout, nous n'avons aucune ambiance de science-fiction qui ramène à l'espace profond du titre américain.
"L'invasion : Mars attaque la Terre" est une sorte de mélange entre "La chose d'un autre monde" et "Le monstre de la lagune noire", où du premier, on prend la dynamique de l'histoire avec des scientifiques contre un monstre alien dans un scénario inhospitalier, avec une pincée de "Le monstre du vaisseau spatial" pour la similitude de lieu ; du célèbre film de la Universal, on prend la créature principale, une sorte de gigantesque amphibie, plus méchant et moins "tragique" que le Gilman de Jack Arnold.
Francis D. Lyon, qui a surtout fait beaucoup de télévision dans sa carrière, ne se soucie pas beaucoup de la plausibilité de l'histoire - écrite par Arthur C. Pierce - et du développement des personnages, plongeant le spectateur immédiatement dans l'action. Cela est sûrement appréciable, vu que les temps morts étaient un défaut commun à plusieurs films fantastiques-horreur de l'époque, mais Lyon parvient à tomber dans le piège de rendre son film pauvre en idées et visant uniquement à montrer une créature luttant contre un groupe de scientifiques. Le spectacle divertit sûrement et, vu aussi la courte durée, parvient à maintenir bien éveillée l'attention pendant tout le temps, mais on a quand même l'impression d'avoir vu un film qui n'ajoute rien au genre, au contraire, il tend à se confondre dans le magma des monster movies de l'époque.
La chose curieuse de "L'invasion : Mars attaque la Terre" est qu'elle se pose comme une imitation aquatique de "La chose d'un autre monde" de la même manière que dans les années 80, des films comme "Leviathan" ou "La créature des abîmes" se posaient comme des imitations d'"Alien". Et cette constatation peu noble va paradoxalement en faveur du film de Lyon car elle lui donne cette aura de précurseur d'un certain cinéma qui se développera dans la décennie suivante, quand des monstres aliens ou mutants se déchaîneront dans des stations de recherche sous-marines, suivant la construction narrative et le succès d'"Alien" et de sa suite.
De bon métier, même si peu percutants, les acteurs, parmi lesquels se distinguent Scott Brady ("Sindrome cinese"; "Gremlins") et le doublure Mike Road, qui interprètent le commandant Wayne et son adversaire Maddox, ainsi que la belle Wende Wagner ("Rosemary's Baby") qui incarne l'exploratrice Sandra.
Sympathique le look du monstre amphibie, réalisé par Richard Cassarino et incarné par Ron Burke, un gros poisson maladroit sur deux pattes qui a une certaine efficacité kitsch.
Méritant une demi-courge de plus.
En DVD chez Mosaico Media.