RG
Roberto Giacomelli
•À Bywater, un petit village marécageux du sud des États-Unis, des événements étranges et inquiétants se produisent : des dizaines de personnes ont disparu sans laisser de trace et seules quelques-unes ont été retrouvées mortes, horriblement mutilées, dans les eaux du marais. La population locale attribue la faute à un ancien esprit, irrité par l'opération de dégradation environnementale menée par l'industrie pétrochimique qui déverse ses eaux usées dans le marais. Lorsque le shérif disparaît également, un jeune remplaçant est convoqué qui, avec l'aide d'une belle écologiste et d'un photographe étrange, tentera d'éclaircir le mystère des eaux noires de Bywater.
Produit par l'esprit de Marvel Comics Stan Lee, "Man-Thing" est un horror insolite avec une forte âme écologiste, qui s'inspire de la bande dessinée Marvel du même nom et peu connue (en Italie). Certaines situations et certains décors de ce film peuvent rappeler le lointain cousin cravenien "Le Monstre du marais", lui-même adapté de la bande dessinée DC Comics "Swamp Thing" ; mais si dans le film ultra-populaire de Craven, l'ensemble de la mise en scène tend au ridicule (non volontaire, malheureusement !) et que l'aspect technique était plutôt rudimentaire, dans "Man-Thing", on a décidé de traiter le sujet avec le plus grand sérieux et avec une certaine cure formelle d'un vrai produit de série A. En effet, le vrai point fort sont les décors suggestifs qui reproduisent les marais sombres et inquiétants qui caractérisent certaines zones du sud des États-Unis ; le look du monstre est également appréciable : une créature végétale majestueuse aux caractéristiques d'un énorme arbre tentaculaire, similaire aux créatures qui peuplent tant de contes de fées et de cauchemars d'enfants. Les effets spéciaux numériques, avec lesquels la créature a souvent été réalisée, sont bien faits et n'ont absolument rien à envier à des productions avec des budgets bien supérieurs. Le département gore, en revanche, est peu varié, ce qui aurait pu laisser présager des étincelles (l'introduction avec un couple attaqué et un garçon déchiqueté), mais se limite à une autopsie et à un petit homme coupé en morceaux au loin (strictement en numérique !).
À la réalisation, on trouve Brett Leonard ("Incubo in corsia" ; "Il Tagliaerbe") qui fait un travail diligent sans toutefois laisser de marque, mais qui a le mérite de transformer un produit direct to video comme "Man-Thing" en un horror tout à fait respectable, bien différent du produit classique de mauvaise qualité distribué uniquement pour le marché de l'home vidéo.
"Man-Thing" est également caractérisé par certaines lacunes qui n permettent pas au spectateur d'être pleinement satisfait ; d'abord, il est inévitable de noter le travail non excellent qui a été accompli avec le scénario, sûrement alourdi par la tâche difficile de traduire en film une histoire qui soit crédible même pour les passionnés de la bande dessinée originale. Malheureusement, l'entreprise n'a pas réussi car les personnages vus dans le film n'ont vraiment rien à voir avec ceux de la bande dessinée et même l'aura écologiste ne s'adapte pas toujours aux thèmes du prototype Marvel. De plus, les personnages n'ont pas été bien soignés car ils ne présentent pas le minimum de construction psychologique crédible, ayant été dessinés tous avec le proverbial coup de hache : les gentils trop gentils, engagés à défendre de justes causes (même humanitaires) et les méchants trop méchants (sans scrupules et prêts à polluer le territoire pour favoriser leur intérêt économique), au milieu il y a "la chose humaine" qui parfois semble aussi un peu intruse. À signaler également une redondance excessive de situations et certains points morts qui peuplent la partie centrale du film, compromettant par moments l'attention du spectateur.
Dans l'ensemble, "Man-Thing" peut être considéré comme un produit acceptable, sûrement bien fait du point de vue technique, mais pénalisé par un scénario peu percutant et par le poids d'un prototype papier auquel il ne se conforme pas correctement. Note arrondie par excès.