MC
Marco Castellini
•La propriété de Rose Red est-elle vraiment hantée ? Pour le découvrir, la docteure Joyce Reardon, professeure de psychologie à l'université Beaumont, invite une équipe de médiums à passer un week-end dans l'ancienne et immense villa en ruine connue sous le nom de Rose Red. Le but de Reardon est de prouver l'existence de phénomènes psychiques et pour cela, elle compte utiliser les pouvoirs combinés de six sensitifs afin de réveiller la "cellule morte" Rose Red et de contacter l'esprit d'Ellen Rimbauer, la propriétaire de la maison disparue précisément à l'intérieur de la mystérieuse demeure. Grâce aux pouvoirs des médiums, la tentative de la docteure Joyce ne reste pas vaine : quelque chose à Rose Red se réveille. Le groupe de parapsychologues se retrouve donc plongé dans les enfers cachés de la demeure hantée… Mini-série télévisée produite par le réseau américain ABC en collaboration avec Stephen King (qui, en plus d'en être le producteur exécutif, est aussi le scénariste) et distribuée en Italie uniquement pour le marché de la vidéo à domicile. L'idée de base pour le sujet de "Rose Red" a eu une triple inspiration : d'abord le film culte "The Haunting" (en Italie "Gli Invasati"), réalisé en 1963 par Robert Wise et adapté du roman "The Haunting of Hill House" de Shirley Jackson ; l'histoire vraie de la Winchester Mystery House, une ancienne villa que la légende veut hantée par l'esprit de sa propriétaire, Mme Sarah Winchester, qui a passé sa longue vie à continuer d'agrandir l'énorme maison parce qu'on lui avait prédit par un médium qu'elle mourrait le jour de l'achèvement de celle-ci. Et enfin le roman "The Diary of Ellen Rimbauer: My Life at Rose Red" (publié, tant en Amérique qu'en Italie, en même temps que la sortie du film), une sorte de prologue à la mini-série télévisée. L'idée des créateurs de ce livre, mais aussi des producteurs du film eux-mêmes, était de créer un "sens de réalité" comme cela avait été le cas pour "Twin Peaks" et plus récemment pour "The Blair Witch Project". Dans l'ensemble, "Rose Red" est certainement une œuvre réussie. La réalisation de Baxley (déjà avec King pour "La Tempesta del Secolo") maintient assez bien le rythme, alternant des travellings lents d'atmosphère à des zooms rapides et offrant même quelques plans qui évoquent des moments de tension grâce à des angles recherchés (voir l'apparition des fantômes dans le reflet des lunettes de l'un des médiums). Le casting - qui comprend, entre autres, Julian Sands, Nancy Travis et l'Italienne Yvonne Sciò - bien qu'il ne comporte pas de noms importants, est bien assorti et absolument à la hauteur de la situation ; seule l'interprétation de Matt Ross dans le rôle d'Emery Waterman, le désagréable et gros "mammome", est un peu excessive. Le scénario de King fonctionne également bien et on remarque comment l'écrivain a cherché, dans la première partie, à présenter avec une certaine attention le caractère des différents personnages pour ensuite passer à un changement de rythme évident dans la seconde moitié du film, où l'évolution des faits prend un rythme décidément plus frénétique et sombre. Ce qui frappe le plus dans "Rose Red", c'est l'extrême soin apporté aux décors : la villa hantée d'Ellen Rimbauer a été entièrement et parfaitement reconstruite avec une utilisation importante de main-d'œuvre et de ressources. Les effets spéciaux convainquent moins en revanche : dans certaines séquences, l'utilisation de l'informatique est absolument médiocre et plutôt encombrante. Nombreux et dispersés tout au long du film sont les références à l'œuvre de l'écrivain du Maine. Dès la séquence initiale, King se cite lui-même et précisément la pluie de pierres de "Carrie", supprimée dans la version cinématographique pour des raisons économiques et reprise ici. Le roman auquel il est le plus fait allusion est pourtant "Shining". Le nid d'abeilles de "Rose Red" est symétrique à celui de guêpes dans "Shining" ; tous les membres de l'équipe de recherche ont le "shining" et entrent dans une maison "psychiquement chargée", comme c'est le cas du petit Danny Torrance. Mais il y a aussi des références à d'autres œuvres de King : une radio s'allume toute seule et joue de vieux classiques ("Christine"); le personnage d'Emery (Matt Ross) reçoit un avertissement via un réfrigérateur (comme c'est le cas pour l'un des protagonistes de "It"). Et enfin, il y a naturellement le caméo incontournable de l'écrivain en personne, cette fois dans le rôle du livreur d'une pizzeria. "Rose Red" est probablement la meilleure mini-série télévisée parmi celles nées de la collaboration entre la ABC et Stephen King. Un excellent produit télévisuel qui, malgré certaines limites (pratiquement pas une goutte de sang pour plus de 4 heures de film !), se révèle absolument agréable à regarder et plutôt captivant. Curiosité : "Rose Red" a connu aux États-Unis un succès sans précédent, pulvérisant le record d'audience télévisuelle établi par le même King avec "La Tempesta del Secolo".