Schramm backdrop
Schramm poster

SCHRAMM

1993 DE HMDB
janvier 1, 1993

Lothar Schramm est un homme simple avec des problèmes complexes, mais il a l'air d'être un gars tellement gentil. Il travaille comme chauffeur de taxi et vit seul où il est heureux de répondre à sa porte aux étrangers et de les tuer sur le coup. Comme beaucoup de types de solitaires timides, il a un problème avec les femmes, alors il les drogue et photographie leurs corps nus pour une stimulation sexuelle. Il assassine alors ses victimes impuissantes et ainsi va la vie d'un tueur en série dérangé.

Réalisateurs

Jörg Buttgereit

Distribution

Florian Koerner von Gustorf, Monika M., Micha Brendel, Carolina Harnisch, Xaver Schwarzenberger, Gerd Horvath, Michael Brynntrup, Franz Rodenkirchen, Anne Presting, Eddi Zacharias
Horror

CRITIQUES (1)

CR

Cristina Russo

Lothar Schramm est retourné sur le sol, au pied d'un escalier, dans une flaque de sang. Les journaux titrent « Mort de l'assassin du rouge à lèvres ». Seul et sans défense, l'homme revit quelques épisodes de sa vie, quelques instants avant de mourir, dans un tourbillon de délire et d'aliénation. Quatrième œuvre de l'allemand Jorg Buttgereit, qui a commencé avec l'un des films les plus controversés et malsains de l'histoire du cinéma de niche : « Nekromantik », histoire d'amour et de nécrophilie à laquelle le réalisateur a également donné une suite (moins réussie), après s'être essayé à un film à épisodes dont le seul et unique thème central est la mort, « Der Todesking », qui se distingue dans sa production surtout pour certains maniérismes de style. « Schramm » raconte la vie d'un tueur en série, et le fait à travers des flashbacks continus, mettant en avant non tant les exploits de l'assassin, mais plutôt son existence malade ; transformant ses pensées et ses états d'esprit en une série d'images oniriques et folles. L'attention est en effet presque uniquement portée sur le côté le plus « humain » du protagoniste, son malaise existentiel, la vie misérable qu'il mène dans une totale solitude. La seule personne avec qui il se relate est une prostituée frustrée (interprétée par Monika M. déjà protagoniste de « Nekromantik 2 »), qui vit dans l'appartement adjacent au sien et envers laquelle il semble nourrir des sentiments ambigus. Derrière la gentillesse et la disponibilité que l'homme réserve à l'amie, se cache la froideur et la cruauté d'un assassin, à la sexualité déviée et à l'esprit tordu. Le film est un crescendo de visions délirantes, répétées encore et encore, qui se mêlent et s'entremêlent avec la réalité, donnant vie à un scénario chaotique et surréaliste qui désoriente et surprend le spectateur. Les lieux, sommaires et sordides, ne font qu'accentuer la désolation dans laquelle se noient Schramm et la femme, avec une résignation qui suscite presque de la compassion et de la compréhension. Les scènes de violence purement physique ne manquent pas, soutenues par de bons effets spéciaux, réalisés avec un budget plutôt limité. Évidemment, on ne nous épargne pas les perversions sexuelles de notre homme, rongé par des hallucinations au goût cronenberghien, dont la folie le pousse à commettre des actes de violence extrême même sur ses propres parties intimes, faisant frissonner même le spectateur le moins sensible. Une aura de dramatique enveloppe le film : aux gestes répréhensibles du protagoniste s'alternent des moments où on le voit heureux et insouciant : qu'il s'agisse de l'imagination ou de la mémoire, on ne sait pas mais en tout cas cette dualité presque schizophrénique nous offre des instants d'angoisse et de tristesse difficiles à oublier. Du point de vue technique, on trouve une réalisation plus soignée et lucide que dans « Nekromantik » mais certainement moins prétentieuse que dans « Der Todesking », caractérisée par les prises de vue circulaires habituelles auxquelles le réalisateur nous a habitués, et par un jeu de couleurs pour accentuer la non-linéarité du film. À mentionner également la bande sonore à glacer le sang (comme dans les autres films), composée entre autres par certains membres du groupe dans lequel joue Florian Koerner Von Gustorf, l'acteur qui interprète Schramm. Un chef-d'œuvre du weird, sale, intense mais aussi chargé de significations et unique en son genre, enfanté par l'esprit génial d'un réalisateur qui n'a (presque) jamais raté un coup. Pour conclure, je vous signale la Special European Edition du DVD, contenant deux disques, dont un riche en contenus spéciaux très intéressants ; seul défaut sont les sous-titres mais heureusement les dialogues sont réduits à l'essentiel. Si vous avez envie de faire un voyage choquant et suggestif, c'est le bon film.