RG
Roberto Giacomelli
•Après une tragédie survenue un an plus tôt, au cours de laquelle son meilleur ami a été dévoré par un requin, Josh a quitté son emploi de maître-nageur et a été engagé comme employé dans un supermarché. Alors qu'une attaque à main armée se déroule dans le magasin, un tsunami frappe la ville et le supermarché, avec toutes les personnes qui s'y trouvaient, est submergé par l'eau. Les survivants de la catastrophe cherchent refuge sur les étagères, mais ils se rendent rapidement compte qu'à l'intérieur du magasin inondé, un vorace requin blanc se promène. Les dangers de la mer ont toujours eu une fascination particulière pour le cinéma ; les requins, quant à eux, ont réussi à se démarquer depuis que Spielberg a signé ce chef-d'œuvre intitulé "Les Dents de la mer", père de tous les films de requins qui, en plus de 35 ans, ont envahi les petits et grands écrans. Mais après des années de terreurs maritimes dignes, le genre cinématographique des requins tueurs s'est soudainement éteint et, à la suite du divertissant "Deep Blue" de Renny Harlin, les requins sont devenus une particularité de produits plus ou moins déments destinés au marché de la pay-per-view et de la location vidéo. Si l'on exclut le dramatique et fondamental "Open Water", dans lequel les requins ne sont que des figurants, les deux seuls films notables avec des requins antagonistes vus ces dernières années ont été l'efficace "The Reef" et l'appréciable "Shark Night 3D"... jusqu'à aujourd'hui, où arrive dans les salles italiennes l'australien "Shark 3D". La genèse de "Shark 3D" (qui s'intitule en version originale "Bait", soit "appât") a été mouvementée et s'est étalée sur au moins trois ans. À l'origine entre les mains de Russell Mulcahy, réalisateur historique des deux premiers "Highlander" mais aussi de "Resident Evil: Extinction", qui devait diriger un sujet aussi simple qu'attirant qu'il avait lui-même écrit, "Shark" finit en stand-by pour une série de raisons allant des divergences artistiques avec la production aux engagements professionnels que Mulcahy avait pris entre-temps. Le film, donc, se bloque à la recherche d'un autre réalisateur qui puisse mener à bien l'œuvre, tandis que le scénario est retravaillé et l'hypothèse de tourner le film en 3D est poursuivie. En 2011, enfin, tout se concrétise : "Shark" trouve un nouveau réalisateur, Kimble Rendall du discutable "Cut - Le Boucher", Mulcahy reste en production et le film est présenté en 3D. Au-delà de certaines critiques un peu snobs venues de ceux qui associent à tort et à l'avance ce titre aux récentes productions démentes de l'Asylum et autres, "Shark 3D" atteint des niveaux très bons qui se sont rarement vus dans un film de requins au moins ces 15 dernières années. On part néanmoins d'un high concept gagnant : quelques personnes piégées dans un supermarché inondé à la merci de requins tueurs. C'est un lieu inhabituel pour déchaîner les poissons assassins - imaginez "The Mist" avec des requins à la place des êtres interdimensionnels - et les dynamiques de groupe inévitables qui mènent à des choix erronés, des affections, des disputes et des actes d'héroïsme. Bref, le film fonctionne en amont et à ce moment-là, l'objectif unique est de ne pas gâcher ce qu'il y a de bon dans l'air. Le réalisateur se limite à accomplir la tâche avec une maîtrise éminente, sans coups de génie ni baisses de ton, mais en insufflant au film un rythme très serré qui rend immédiatement le spectateur participant. Ce qui ne convainc pas, c'est le prologue dans lequel on voit le protagoniste aux prises avec un différent requin et la perte d'un ami. Un incipit qui sert, outre à introduire la menace qui accompagnera le spectateur pendant les 90 minutes restantes du film, à donner un arrière-plan traumatique au personnage principal, élément inutile et forcé, avec pour effet que le prologue est presque intrusif par rapport au reste de l'œuvre, vu aussi le saut temporel immédiatement apporté. À partir de ce moment-là, cependant, il y a beaucoup d'adrénaline, des personnages de films B avec une certaine caractérisation qui les rende mémorables et plus ou moins sacrifiables et deux requins qui en font de toutes les couleurs. Deux, car en plus du requin blanc d'environ 4 mètres qui rôde parmi les étagères du supermarché, il y en a un autre tout aussi grand et affamé dans le parking en dessous du magasin qui fait aussi la poste aux trois survivants qui tentent de remonter à la surface. Les requins sont réalisés de manière excellente avec un mélange de bonne infographie et surtout d'animatroniques qui montrent les gueules en tout leur terrifiant éclat. Contrairement à beaucoup d'autres films sur le sujet, ici les requins sont de taille et d'apparence réalistes, mais pas pour autant moins mortels, vu qu'ils donnent vie à une série de morts très gores qui feront le bonheur des amateurs. Le casting est inégal et alterne entre de bons artisans comme Julian McMahon ("Nip/Tuck"; "Les Quatre Fantastiques") et de jeunes pas vraiment mémorables comme le protagoniste Xavier Samuel ("Trois hommes et une brebis"). Il y a aussi Alex Russel de "Chronicle", Shami Vinson de "Step Up 3D" et Phoebe Tonkin de "Le Demain qui vient". Bon le 3D, jamais invasif et utilisé avec un sens réussi du spectacle pour certains effets ludiques de relief qui, en fin de compte, sont ceux qui se font rappeler avec le plus grand plaisir. "Shark 3D" est donc un bon film B qui ajoute à un contexte original beaucoup de rythme et de trouvailles spectaculaires qui, dans le finale, deviennent presque celles d'un film d'action. On ne s'ennuie pas et entre la tension parfois réellement palpable et un requin qui sort littéralement de l'écran, on passe 90 minutes de vrai divertissement.