STAY

Le psychiatre Sam a pris en charge Henry, un jeune homme de vingt ans qui a de graves problèmes de relation avec les autres et qui a décidé de se suicider. Sam cherche à creuser dans son passé qui semble miné par des événements tragiques, y compris la perte de ses parents dans des conditions encore peu claires. Au cours de son enquête, Sam découvrira que tout ce qu'Henry lui avait raconté lors des séances d'analyse ne correspond pas à la vérité et, à mesure qu'il s'enfonce dans la vie de son patient, il finira par confondre la réalité avec l'imagination dans une série d'événements qui le conduiront à douter de lui-même et de sa propre santé mentale. L'inflationniste mosaïque des thrillers psychologiques s'enrichit d'un nouveau morceau : "Stay - Dans le labyrinthe de l'esprit". Après les fastes de "Sixième Sens" et divers disciples (réussis et non), il est bien difficile de trouver un produit original et vraiment captivant ; certes, il y a eu des surprises agréables comme "Identité" de James Mangold, mais surtout des exemples médiocres ou mauvais d'imitation (voir le récent "Hypnosis") : malheureusement, c'est à cette deuxième catégorie que "Stay" appartient. Le film de Marc Foster respecte pleinement toutes les règles du thriller psychologique moderne de l'école américaine : on commence avec une intrigue particulièrement compliquée qui semble conduire les protagonistes, et avec eux le spectateur, dans une impasse jusqu'à aboutir à un coup de théâtre final qui apporte de la clarté ; pourtant, comparé à la plupart des films de ce genre, "Stay" utilise une révélation finale déjà surutilisée et donc hautement prévisible pour le spectateur le plus expérimenté. De plus, la manière dont l'histoire est structurée et la focalisation narrative dont il se sert, ne soutiennent pas suffisamment le coup de théâtre final, le faisant paraître hautement artificiel et absolument illogique, au point que, à la fin de la projection, le spectateur se posera mille questions auxquelles il ne trouvera pas de réponse logique. Des éclairs de non-sens de Lynch ou de simples difficultés de logique narrative dues à un scénario prétentieux mais peu efficace ? Je penche définitivement pour la deuxième hypothèse. Une autre caractéristique qui assimile "Stay" à la masse des thrillers d'aujourd'hui est une attention particulière portée à l'esthétique du film : une photographie recherchée et très efficace, capable souvent de combiner l'utilisation des chromatismes à la situation de lucidité ou d'étrangeté dans laquelle se trouvent les personnages ; un montage parfois serré, parfois moins, mais dans l'ensemble attribuable au style moderne clip vidéo qui, pour autant, utilise certaines solutions originales et agréables. La réalisation de Foster semble également particulièrement inspirée et à certains égards originale, valorisée ensuite par un casting insolite de stars qui comprend Ewan McGregor dans le rôle du psychiatre Sam, Ryan Gosling ("Formula pour un crime") dans le rôle d'Henry et Naomi Watts (dans ce cas très gaspillée) dans le rôle de la petite amie ex-suicidaire de Sam. En définitive, "Stay - Dans le labyrinthe de l'esprit" se fond dans la masse des nombreux thrillers psychologiques produits ces dernières années, qui combine une grande dextérité technique et artistique à une histoire peu originale et mal gérée. Évitables et absolument peu mémorables.