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Roberto Giacomelli
•Sur la prison spatiale Dante 01, en orbite constante autour de la planète brûlante Dante XXI, arrive une navette transportant la biologiste Elise et un criminel inconnu sans mémoire ni identité. Dante 01 est peuplé de six criminels féroces soumis à des expériences génétiques par une équipe de scientifiques dirigée par Caronte. Mais l'arrivée de l'inconnu, rapidement surnommé San Giorgio par les autres détenus, commence à mettre à rude épreuve l'équilibre de tous les résidents de Dante 01. Cesare se sent menacé par la présence de San Giorgio et tente de déclencher une insurrection, mais en même temps, San Giorgio démontre avoir des pouvoirs de guérison incroyables.
Vous, spectateurs qui vous apprêtez à entrer dans l'univers de "Dante 01", abandonnez tout espoir de passer 88 minutes en compagnie de bonne science-fiction. Le film, réalisé par le peu actif Marc Caro (co-réalisateur de "Delicatessen" et "La Cité des enfants perdus"), est un résumé très dilué de la science-fiction cultivée, un mélange confus et parfois ardu où se mêlent des suggestions kubrickiennes, la Divine Comédie, "Alien 3", du mysticisme et "Le Mille-Pattes vert", ainsi, sans critère précis, peut-être juste parce qu'on voudrait faire saliver un peu de critiques fatigués de "Star Wars", "Matrix" et autres guerres des mondes.
Tant de chapeau aux intentions "élevées" de Caro, mais le réalisateur français, orphelin de son collègue plus talentueux Jean-Pierre Jeunet, fait un beau gâchis et son "Dante 01", au final, ressemble plus à un produit d'exploitation avec des manies de grandeur, plutôt qu'à la réponse française à "2001 : Une Odyssée de l'espace".
Commençons par le péché le plus macroscopique dont se tache le jouet défectueux "Dante 01" : extrêmement ennuyeux. L'heure et demie de durée semble une éternité pour le spectateur simplement parce que ce peu qui représente le cœur narratif de "Dante 01" est mal raconté. L'histoire peut être résumée en quelques mots : un inconnu nouveau messie confronte les pécheurs à leurs péchés et leur donne la possibilité de se racheter. C'est tout. Caro a trouvé une parabole mystique et l'a présentée comme un film de science-fiction, malheureusement, il a oublié pour qui devrait profiter de son travail ; et voici que le spectateur se retrouve à vieillir mentalement d'au moins 60 ans en 90 minutes, assommé par des dialogues barbants, des métaphores divines, des nomenclatures enfantines, un manque total de dynamisme, des décors tristes et des personnages ennuyeux.
La grande métaphore christologique qui plane sur tout le film et qui nous est étalée sans vergogne dans la fin insupportable qui semble imiter l'Odyssée de l'espace de Kubrick, est trop stérile et déjà exposée ailleurs (et mieux) pour représenter un véritable motif d'intérêt rétroactif. Le jeu des noms des personnages qui renvoient à l'imaginaire dantesque et religieux, souvent sans raison réelle, est finalement gratuit et enfantin. Vous connaissez ces horreurs espiègles comme "Dimensione Terrore" et "Final Destination" où les personnages s'appellent Carpenter, Romero, Browning, Lewton, etc. ? Eh bien, dans "Dante 01", on a fait la même chose, sauf que au lieu des noms de célèbres réalisateurs de genre, on se retrouve sans raison avec des noms pris au hasard de la Divine Comédie et de la mythologie chrétienne et orientale... ainsi, parce que ça fait plus intellectuel.
Note de démérite également à la scénarisation délabrée écrite par Caro lui-même et par Pierre Bordage, où la répétitivité de l'action est alternée avec des dialogues mystico-technologiques ennuyeux et des trous logiques trop grands pour passer inaperçus.
Le casting, en général, apparaît varié et intéressant, composé de professionnels et de bons caractérisateurs. Lambert Wilson ("Matrix Reloaded"; "Babylon A.D."), Dominique Pinon ("Delicatessen"; "Alien : la clonation"), Bruno Lochet ("Cous Cous"), François Hadji-Lazaro ("Dellamorte Dellamore") font de leur mieux et semblent crédibles, mais malheureusement, leurs personnages ne sont pas très intéressants et peu caractérisés, limités par le nom "historique" dont ils ont été munis.
Si la main de Caro est parfois intéressante, tout comme la photographie ultra-dark de Jean Poisson, les décors de Bertrand Seitz semblent recyclés du plateau d'un vieux film de science-fiction, résultant seulement particulièrement monotones. Effets spéciaux peu nombreux mais bons.
En conclusion, "Dante 01" déçoit. Il déçoit sûrement le spectateur avide de divertissement et probablement déçoit aussi le spectateur plus intellectuel, à cause d'un style dérivatif décidément encombrant.
Rendez-nous Kubrick.